Étape 1/6 – Chiavenna > Roveredo

Dimanche 8 septembre 2024 – Chiavenna – Italie

Lever 6h45… le grand jour est arrivé ! Après une petite nuit où j’ai moyennement dormi à cause de l’excitation du prochain départ du voyage, j’ouvre les volets… ben mince, c’est très couvert au-dessus de Chiavenna ! Je jette un coup d’œil vers la rue, c’est bien mouillé, signe qu’il a plu… ce n’est pas bon signe… et même pas du tout… parce qu’il allait pleuvoir… TOUTE LA JOURNÉE !!!

Ciel bien sombre au petit matin à Chiavenna…

Je descends au rez-de-chaussée de l’hôtel pour prendre le petit-déjeuner qui était prévu à partir de 7h. Salutation générale à l’ensemble des participants puis je m’attelle à avaler tout ce que j’aime : tartines au miel, à la confiture, à la nutella, croissants le tout accompagné de 2 verres de jus d’orange et d’un café ! Je ne me prive pas, je sens que j’aurais besoin de toutes les calories possibles pour cette première étape…

Une porte donne sur l’extérieure, je vais voir ce qu’il y a dehors… et là, mes cheveux se dressent sur la tête : une averse diluvienne est en train d’arroser les rues de Chiavenna ! Ben là, c’est la catastrophe, cette pluie n’est pas compatible avec une étape de montagne de 100 km avec près de 2500 m de D+ et 2 cols à plus de 2000 m d’altitude ! Mais le dilemme était terrible : je n’avais pas le choix !!!

Au moment du petit-déjeuner, c’est la misère !!!

Je retourne à ma chambre pour me préparer. Je vais démarrer en court au niveau du cuissard, il ne fait pas trop froid pour l’instant. Par contre, je me couvre le haut avec mes manchettes et mes 2 coupe-vent. Je veille bien à mettre mon maillot manche longue, mes jambières, mon bonnet, mes gants longs, mon cache-cou polaire dans la sacoche de selle… j’ai la certitude que je vais en avoir besoin !

Tout est prêt, je descends au rez-de-chaussée, rends la clé à l’accueil, charge le bagage dans la remorque et file au parking de l’hôtel récupérer mon vélo. J’attends de pouvoir sortir car une nouvelle et bonne averse est en train de tomber. Ça se calme au bout de 3 minutes, je rejoins la terrasse couverte de l’hôtel où tout le monde devra se réunir pour le départ prévu à 8h.

Le temps de faire un petit peu plus connaissance avec les nouvelles têtes aperçues brièvement la veille au soir (Esther, Ruth, Jeremias, Tobias, Peter), de voir Batsirai débarqué tout juste en taxi (!), de suivre le petit brief de départ de notre guide Stéphan et surtout d’attendre un début d’accalmie… nous décollons enfin à 8h30 !

Au sec avant le départ avant de se prendre une bonne saucée ! (© Stéphan Letartre)

Cette première étape se déroulera entre Chiavenna en Italie et Roveredo en Suisse. Autant vous dire que ce sera une grosse entrée en la matière : longue de près de 100 km avec près de 2500 m de D+, elle passera par le Passo dello Spluga (2 114 m) puis le Passo del San Bernardino (2065 m).

Passo dello Spluga – 2114 m

Distance : 30,4 km
D+ : 1818 m
% moyen : 6,5%
% max : 9%

Il permet de relier Chiavenna en Lombardie/Italie à la la Vallée du Rhin postérieur (Rheinwald) en Grisons/Suisse. Ce premier col est une sacrée première pour cette traversée des Alpes suisses ! Les particularités sont multiples :

  • près de 30 km d’ascension… c’est très très long, il n’y en a pas beaucoup dans les Alpes… à ma connaissance, il y a les versants Nord (46 km) et Sud (32 km) du Col de l’Iseran, les versants Nord (30 km) et Sud (32 km) du Col du Grand Saint Bernard, le versant Nord du Col de la Cayolle (29 km), les versants Nord et Sud (près de 29 km) du Col de la Croix de Fer, voir aussi l’enchaînement Télégraphe/Galibier (30 km) qui proposent un long chemin où l’on va y passer un moment, disons environ 3 heures pour mon cas ! ;
  • le dénivelé positif : 1818 m ! Le Passo dello Spluga, qui part de 325 m d’altitude pour atteindre les 2114 m… me fait penser qu’il doit se situer dans un top 5 des plus grosses ascensions alpestres ! ;
  • le Passo dello Spluga est italo-suisse ! Depuis Chiavenna, c’est le versant italien que je vais grimper. La frontière avec la Suisse est située au col. Côté suisse, le col prend une appellation germanique : Splügenpass ;
  • l’ascension est rythmée par 51 virages marqués par un panneau numéroté. L’appellation en italien est tornati (au pluriel) et les panneaux sont dans un ordre croissant et non décroissant comme dans l’Alpe d’Huez ;
  • la route est agrémentée de très nombreux paravalanches et tunnels (galeria en italien), mis bout à bout, c’est près de 2,3 km de voie « couverte » !

En préparant minutieusement cette étape, j’ai divisé cette ascension en 5 parties pour me donner des objectifs intermédiaires :

  1. De Chiavenna à Prestone : 10,4 km à 6,5%. J’aurais un replat de 1,3 km à 4,5% au PK 5,3 qui permettra de reprendre un premier souffle.
  2. De Prestone à Campodolcino : un replat de 3,3 km à 3,5/4,5% avec même une petite descente qui permettra de reprendre un second souffle.
  3. De Campodolcino à Stuetta : 10,3 km à 7,5%. Ce sera la partie la plus difficile !
  4. De Stuetta à Montespluga : 4 km avec un beau replat où je pourrais recharger les batteries avant le final.
  5. De Montesplugla au Passo dello Spluga : 2,8 km à 7,5% qui constitueront un final assez sérieux.

Partie 1 – De Chiavenna à Prestone

Départ groupé dans les premiers hectomètres mais dès la première rupture de pente, pas très importante avec un petit 4,5%, tout le monde se met à son rythme. Durant cette montée, il y aura 3 groupes : les rapides (Batsirai, Patricia, Jenni, Walter, Agustin, Peter), les intermédiaires (Esther, Ruth, Georges, Mansour, moi-même) et la queue du peloton (Jeremias et Tobias).

La pluie refait vite son apparition et ne nous lâchera plus pendant un sacré moment… J’essaie de ne pas trop y penser… pour l’instant, ça se gère facilement dans la montée et il ne fait pas trop froid… par contre, côté paysage, c’est la catastrophe… on n’y voit rien du tout ! Les averses sont abondantes et pour ne pas l’abîmer, l’appareil photo restera sagement rangé dans la sacoche de cadre… Et là, je suis hyper déçu car je ne pourrais pas prendre les magnifiques clichés qui m’étaient sûrement promis ! Ce sera pour cela que j’ajouterais au cours de ce récit, quelques vues piquées sur Google Street et internet pour avoir une bonne idée de ce que j’aurais pu voir (et raté !).

Premiers hectomètres du Passo dello Spluga… (© Batsirai Matanhire)

L’essentiel de l’ascension du Colle dello Spluga consiste à remonter le Val Spluga (appelé aussi Val San Giacomo). Au fond coule le Torrente Liro mais on ne l’aperçoit que brièvement. La route restera toujours le versant droit du val.

Après 2,850 km depuis Chiavenna où la pente n’a pas excédé les 6,5%, j’arrive au pied de San Giacomo Filippo et j’aborde une première série de 4 tornati (sur les 51). Les lacets sont pentus – 8% – mais s’enchaînent rapidement sur 500 m. J’aime beaucoup quand ils sont comme cela et j’allais être gâté sur l’ensemble de l’ascension.

Au début du Val San Giacomo, vue sur le Pizzo Camoscera (2185 m). Et peu après, on va atteindre le très joli village de San Giacomo Filippo.

La même vue mais avec le soleil !

Juste avant San Giacomo Filippo, première série de 4 tornati.

Des trombes d’eau dans les premiers tornati du Passo dello Spluga… (© Batsirai_Matanhire)

Après la première série de 4 tornati, la route mène à San Giacomo Filippo.

À San Giacomo Filippo, je passe juste à côté d’un joli clocher tout en colonne haute et qui semble très caractéristique de la région (voir aussi la photo du cloché de Chiavenna au début du récit). La traversée du village va rester dans les mêmes dispositions que les précédents tornati avec 750 m à 7,5%.

San Giacomo Filippo
© Paebi

Je croiserais aussi beaucoup de petits sanctuaires sur le bord de la route, c’est que les Italiens sont très chrétiens !

À la sortie de San Giacomo Filippo, un bon bout droit de 1250 m à 8,5% fait hausser le ton dans l’effort puis c’est une nouvelle série de tornati qui se présente avec un aspect particulier propre à cette ascension : ils sont couverts par des paravalanches ou des tunnels (galeria en italien). Ils sont très nombreux, plus ou moins longs, bien éclairés. Je les accueille avec joie, ils m’ont permis de rouler « au sec » sur près de 2,3 km cumulés ! Durant le passage suivant, long de 1,3 km, j’ai pu relâcher mon effort avec une pente passant à 4,5%.

J’arrive en vue de Santuario Gallivaggio qui est presque la copie conforme de San Giacomo Filippo : 4 tornati répartis sur 900 m à 8,5% et un très joli village et son magnifique clocher.


La route replate à nouveau sur les 1450 m suivants et avec unsympathique 6%, c’est plus roulant. Je traverse à cette occasion Lirone. Par contre, par moments, les averses augmentent en intensité et le bord de la route est parfois submergé par de bons ruissellements d’eau, on est presque en mode natation ! Je fais d’ailleurs une courte pause sous le porche d’un petit sanctuaire pour troquer mon bandeau pour un bonnet, c’est que ça commençait à être bien trop humide sous le casque !

Peu après Santuario Gallivaggio, le petit sanctuaire où j’ai fait ma courte pause.

En passant par Lirone, regardez-moi ce joli décor que j’ai raté !

À Cimanganda, la déclivité reprend un peu du poil de la bête en passant à 7% sur les 1400 m suivants. Je traverserais à cette occasion la Galeria Stuz longue de 342 m et j’en profiterais aussi pour rattraper Esther, Ruth et Mansour juste avant Prestone, terme de cette première partie.

Sur le bord de la route, il y a aussi de gros rochers comme celui-ci qui est en plein centre du village de Cimaganda.

La galeria Stuz.

Partie 2 – De Prestone à Campodolcino

À Prestone, je fais une petite pause en compagnie de Mansour, Esther et Ruth continuant sur leur lancée pour ne pas se refroidir. Je fais le point : 10,4 km depuis Chiavenna, déjà un tiers de l’ascension réalisée et malgré la pluie, tout roule pour moi, je me sens bien. Mais il reste encore du chemin et surtout beaucoup de dénivelé, 673 m depuis Chiavenna, il reste 1145 m à gravir. J’ai aussi atteint les 1000 m d’altitude, il ne fait pas trop froid (14°C, il faisait 18°C à Chiavenna) mais je me pose la question de savoir quelle température il va faire un peu plus haut…

Il y a un joli petit lac à Prestone.

J’avale juste une pâte de fruits, je suis prêt à repartir, Mansour doit faire une pause « technique », il m’indique de ne pas l’attendre. Je file à nouveau seul. Je profite de cette seconde partie qui est un replat long de 2,7 km où la pente n’excède pas les 4,5% jusqu’à Campodolcino, le plus gros village situé entre Chiavenna et le Passo dello Stuga. À Campodolcino, j’atteins un point culminant qui me fait enchaîner avec une… descente de 600 m.

Au sommet de Campodolcino, je vais enchaîner avec une petite descente.

Campodolcino est traversé par le Torrente Rabbiosa. Au fond, on peut apercevoir un joli pont en arche de pierres.

Partie 3 – De Campodolcino à Stuetta

À l’issue de la descente, la pente bien entendue reprend ses droits et de bien belle manière car cette troisième partie longue de 10,3 km sera la plus difficile avec un bon 7,5% de moyenne.

À la sortie de Campodolcino, le Val de Spugga se resserre nettement, la route bifurque – 200 m à 7% – vers une énorme paroi rocheuse puis s’enfonce dans un paravalanche long de 270 m. Et là, ça tape fort dans la pente : 1,5 km à 9% ! Je ne m’affole pas, je progresse pianissimo…

À la sortie de Campodolcino, une grosse paroi rocheuse semble barrer la route…

Dans le paravalanche, c’est raide !

À la sortie du paravalanche… il y a de beaux murs de soutènement, du bel ouvrage que l’on retrouve tout le long de l’ascension et l’asphalte est dans un état nickel jusqu’au sommet !

À l’issue de cette portion la plus dure de cette ascension, la route va aborder le passage le plus spectaculaire du Passo dello Spluga : une série de 10 tornati empilés les uns sur les autres sur des arches en pierres et de courts tunnels/ paravalanches !

Ce fabuleux passage de 2 km à 7,5% se termine en point d’orgue avec la galeria Pianazzo (262 m) qui mène au village du même nom.

La galeria Pianazzo (262 m).

Pianazzo (alt. 1386 m).

En traversant Pianazzo et après ce petit village, pas de répit avec une déclivité qui oscille entre 8 et 8,5% durant les 4,3 km suivants… mais ça me va, c’est régulier même si la pluie me tombe toujours sur la tête !

À la sortie de Pianazzo, la pluie m’a caché ce magnifique décor sur un ensemble de cimes qui culminent à plus de 3000 m.


Dans un lacet au-dessus de Pianazzo, il y a une route qui mène à Madesimo, la seule station de sports d’hiver du Val Spluga. Les infrastructures sont impressionnantes pour atteindre ce lieu niché dans un haut vallon : un tunnel long de 556 m percé dans la montagne et un funiculaire construit en 1996 au départ de Campodolcino et qui a la particularité de relier le domaine skiable de la station avec un parcours entièrement souterrain (c’est aussi le premier d’Italie) ! Pour justifier toutes ces installations bien coûteuses, on peut imaginer que c’est une station prisée des Milanais situés à 140 km au Sud… À noter qu’il existe encore l’ancienne route qui part de Pianazzo mais elle est désormais réservée aux piétons et vélos.

Je referme ma petite parenthèse tourisme, pour ma part il n’y aura pas de détour pour aller jeter un coup d’œil ha ha ha !

Je traverse encore 2 galeria, celle de Cresta (215 m) et celle de Acque Rosse, la plus longue de l’ascension avec ses 610 m (rhaaaa ça a fait du bien de ne plus sentir la pluie pendant quelques minutes !).

À la sortie de la galeria Cresta, j’aurais pu apercevoir l’impressionnante galeria Acque Rosse (sur la gauche).

C’est aussi à l’entrée de la galeria Acque Rosse que j’ai manqué le plus beau panorama de l’ascension avec une table d’orientation faisant face au Pizzo Tambo (3279 m) !!!

À la sortie de la galeria Acque Rosse, 2 tornanti me guident vers Cantoniera di Teggiate, un très ancien hameau (200 ans) servant de refuge. Ce dernier et plusieurs maisons ont magnifiquement réhabilitées pour sauvegarder le patrimoine. Je fais une courte pause au pied du refuge pour avaler un gel énergétique en prévision du final, c’est la première fois que j’utilise ce produit, on va voir si c’est efficace…

Nous sommes à environ 1750 m d’altitude, les arbres laissent subitement la place à un paysage composé essentiellement d’alpages, de pelouse alpine et de roches, le contraste est saisissant.

Bonne petite nouvelle, les averses sont moins soutenues et je ne vais avoir que quelques petites gouttes pendant quelques instants.J’en profite pour ressortir l’appareil photo et faire quelques prises de vue sans conviction car les nuages recouvrent tous les environs.

Cantoniera di Teggiate.
À la sortie de Cantoniera di Teggiate.

À la sortie de la dernière galeria (120 m) de cette ascension, la pente fait à nouveau relâche en passant à 6% sur les 2 kilomètres suivants, ça fait du bien, le moral est encore bon et je sens que j’ai encore pas mal de jus en terminant cette 3e partie… c’est une bonne nouvelle pour la fin de cette ascension !

Jusqu’à Stuetta, la route est rectiligne et je peux apercevoir de nombreux chalets bien entretenus en pierre et toits de lauze disséminés un peu partout autour des hameaux de Palu’ et Boffalora. Sûrement des résidences secondaires qui doivent faire d’heureux propriétaires qui doivent pouvoir profiter de cet endroit magnifique…

Une route rectiligne à 6%.
J’arrive bientôt à Stuetta…

Partie 4 – De Stuetta à Montespluga

J’arrive à Stuetta, encore un joli hameau qui a la particularité d’être situé au pied d’un barrage, celui du Lago di Montespluga. Cette 4e partie longue de 4 km comporte un beau replat qui va me permettre de recharger les batteries avant le final. Petite satisfaction, je ne suis pas trop mal dans les clous car j’ai rattrapé Peter, Esther et Ruth. Tous les autres sont devant et il reste encore Mansour, Jeremias et Tobias à l’arrière.

D’abord, 2 tornanti me guident tranquillement durant 900 m sur une pente à 4/5%. J’atteins ainsi le Barrage du Lago di Montespluga. J’ai appris par la suite qu’il y a un second barrage dans le prolongement du premier que j’aurais pu apercevoir si les nuages ne recouvraient pas les environs du lac. À noter qu’il fait désormais 10°C à 1900 m d’altitude… pour l’instant ça va car je suis encore chaud.

À l’entrée de Stuetta, on perçoit le barrage.
La chapelle de Stuetta.
Au pied du Barrage du Lago di Montespluga.
Stuetta vue depuis l’un des tornanti (© Peter Bevan).
Je me dirige vers le haut du barrage…
Barrage du Lago di Montespluga (alt. 1905 m).

Bien sûr, la vue sur Lago di Montespluga est complètement gâchée par les nuages. Ce qui m’inquiète un peu que le reste de l’ascension se fera dans une belle purée de pois !

En attendant, il va me falloir longer la rive droite du lac et ça va être très facile sur 3,1 km tout… plat ! Peter, bien plus rapide est parti en avant, je réaliserais ce passage ainsi que le final en compagnie d’Esther et Ruth.

Lago di Montespluga.

Un paysage qui aurait eu de la gueule avec le soleil ! En face le Monte Cardine (2467 m) et sur la gauche le Pizzo Ferrè (3103 m).

Sur la rive droite du Lago di Montespluga. Je progresse bien, c’est tout plat !

La même vue avec le soleil ! Au centre gauche, le passage final vers le Passo dello Spluga.

Le village de Montespluga se trouve au bout du lac.

Partie 5 – De Montespluga au Passo dello Spluga

Esther, Ruth et moi-même arrivons rapidement à Montespluga (alt. 1905 m). C’est à partir de ce petit village (un peu incroyable à cette altitude !) que nous allons attaquer le final qui n’est pas très long avec 2,8 km mais où il faudra fournir un ultime bon coup de reins avec 209 m de D+ 7,5%. Mais avec les 9 derniers tornanti (sur les 51) permettent de réguler l’effort et un petit vent arrière nous aide bien.

Je prends une dernière photo car comme nous sommes dans les nuages, il y a une bruine qui nous arrose à nouveau. Je surveille le profil de l’ascension sur mon compteur Garmin 530 pour savoir un peu où en est car on ne voit absolument pas le sommet du Passo dello Spluga. Mais avec les conditions météo, le GPS un peu déboussolé, me fait terminer l’ascension… 500 m avant l’arrivée ! Bon, on ne va pas s’arrêter là ha ha ha.

On progresse à l’aveugle et nous voilà soudainement au Passo dello Spluga à 2114 m d’altitude. Quelle satisfaction malgré les terribles conditions endurées depuis 3 heures de selle depuis Chiavenna ! Je me sens pas trop mal du tout… je pense que le fameux gel énergétique m’a permis de bien terminer et je valide ! Jusqu’à maintenant, j’ai toujours eu un coup de mou dans les finals de ce type de longue ascension malgré que je buvais bien et avalais quelques barres de céréales ou pâtes de fruits.

À la sortie de Montespluga, j’attaque le final !

La vue sans les nuages !

Cerfui, un refuge intermédiaire situé à 800 m du sommet.

Arrivée au Passo dello Spluga.

Passo dello Spluga – 2114 m.

Le passage du Passo dello Spluga est symbolique : nous allons quitter l’Italie et entrer en Suisse ! Le poste de douane est déserté… ce qui a dû permettre à la centaine de voitures qui m’a dépassée au cours de l’ascension de passer sans encombres la frontière. Oui, je ne l’avais pas encore précisé mais c’était fou cette circulation automobile (peut-être d’ultimes vacanciers suisses de retour chez eux et qui étaient en villégiatures du côté du Lac de Côme…) mais tous les conducteurs ont été très respectueux en me dépassant prudemment au cours de la montée.

Par contre, l’arrivée est polaire ! En effet, le vent s’engouffre fortement dans l’ouverture du passo et la température est désormais proche des 5°C !!! Pour un 8 septembre, j’en attendais un peu plus ! Esther et Ruth repartent presque aussitôt dans la descente.

Pour ma part, je décide d’utiliser mon atout avant d’entamer la descente qui serait à coup sûr glaciale : enfiler les vêtements secs que j’avais prévus ! Par contre, aucun des bâtiments présents (un refuge, le poste de douane, un sanctuaire et un petit cabanon) n’offre un coin où s’abriter correctement. Je me place tant bien que mal contre un mur du refuge et enfile patiemment mon maillot manche longue, mes jambières, mes gants longs et mon tour de cou polaire. Ouf, me voilà un peu mieux paré pour affronter la suite de l’aventure !

Je prends une photo selfie souvenir de mon passage mais ce n’est pas facile, il y a tellement de vent que je dois faire attention à mon vélo pour éviter qu’il tombe !

Les panneaux du Passo dello Spluga… illisibles à cause de centaines d’autocollants !
Une belle ascension mais arrivée polaire !

Entre le Passo dello Spluga et le pied du Passo dello San Bernardino

Je franchis officiellement la frontière et me voilà désormais en Suisse. Et plus précisément dans l’un de ses 26 cantons, celui des Grisons (c’est aussi le plus à l’Est du pays). On y parle 3 langues : l’Allemand, l’Italien et le Romanche (et quand même le Français comme je l’apprendrais plus tard). J’ai toujours été étonné par ce point très particulier propre à ce « petit » pays qui a réussi a gardé une si belle unité en mêlant toutes ces langues !

Je bascule (en compagnie de Mansour, Mathias et Jeremiah qui m’ont rejoint au moment où j’allais repartir) dans la descente du versant opposé du Splügenpass, beaucoup plus court avec ses 9 km, la version « allemande » du Passo dello Spluga. Dans une purée de pois, je vais me diriger vers Splügen qui est situé dans le Rheinwald (appelée en français : Vallée du Rhin postérieur).

La route est très humide, je progresse très prudemment. La pente est assez forte avec près de 8%. Je distingue vaguement une très longue galerie qui se trouve à gauche de la route. J’ai appris par la suite qu’elle est la seule qui existe encore aujourd’hui du côté nord. Avec ses 312 m de long, son but est de protéger la route des avalanches (Splügengalerie). Elle a été bâtie entre 1843 et 1846. Entre 2006 et 2011, 60 mètres sont réparés et préparés pour une utilisation future comme espace d’exposition. Un peu plus bas, il y a un refuge appelé le Berghaus Splügenpass.

La fameuse galerie du versant Nord et un peu plus bas le Berghaus Splügenpass.


Je poursuis ma descente et j’arrive à l’une des attractions de ce versant : un incroyable enchaînement de 10 lacets qui forme un véritable serpentin ! Il a même un nom : In da kurza chera. C’est à ne pas rater, je fais une pause photo ! Mansour, Mathias et Jeremiah poursuivent leur route.

Une magnifique série de lacets !
Il y a même des embouteillages !
Le serpentin !

La série de lacets atterrit au fond d’une haute vallée où coule le Hüscherabach. Le paysage se part à nouveau de conifères. Une longue ligne droite puis une dernière série de lacets me déposent enfin à Splügen. Je suis bien trempé et ça va faire du bien de faire la pause déjeuner… en effet notre guide Stéphan avait prévu de la faire dans ce village. Dommage qu’il pleut car malgré le temps maussade, je peux apercevoir que ça a l’air très sympa. Les rues sont parées d’un beau pavé. Un pont me fait traverser le Hinterrhein.

Splügen.

Par contre, je traverse lentement le village pour voir où Stéphan s’est installé. J’aperçois le camion mais je ne vois personne… je m’approche… ah mais c’est trop cool, le pique-nique a lieu dans un chalet qui sert d’abri bus, une belle occasion d’être au sec. Je retrouve tout le monde à l’intérieur !

Pour l’anecdote, Stéphan a découvert cet endroit en entendant quelqu’un jouer du… piano qui était à l’intérieur de l’abri ! C’était un voyageur qui attendait son bus ! Un peu de jolie poésie dans cette journée très maussade !

Le chalet abri bus de Splügen où on a pu manger au sec !

Je m’installe et picore dans les différents plats. Stéphan a eu la bonne idée de prévoir quelques thermos d’eau chaude et je peux m’offrir un nescafé pour me réchauffer. Je suis tout mouillé mais je n’ai pas la force de me déshabiller un peu… c’est que je n’ai surtout pas envie de remettre par la suite mes affaires mouillées ! Mon idée est de ne pas trop prolonger ma pause pour ne pas se refroidir… je me couvre quand même d’un plaid en attendant de repartir (il y en avait plein le camion pour protéger les vélos).

Il y a de sacrées averses pendant la pause…

Je jette un coup d’œil dehors… ben il tombe de sacrées averses… pas facile du tout pour trouver de la motivation à repartir ! Puis il y a une légère accalmie… dernier arrivé, premier reparti ! Je préfère prendre de l’avance, je me dis que les autres me rattraperont sûrement plus tard…

Je vais désormais effectuer une transition longue d’une douzaine de kilomètres entre Splügen (alt. 1458 m) et Hinterrhein (alt. 1611), pied de la seconde ascension de la journée. Comme je ne connais absolument pas les lieux, je me méfie un peu car j’avais retenu qu’il y avait un peu de dénivelé avec 150 m mais finalement ça se passera très bien.

À la sortie de Splügen, je suis un peu surpris quand je débouche sur l’A13… une autoroute ! Pas trop de soucis, je sais que je dois emprunter une petite route parallèle bien tranquille. Par contre, c’est impressionnant la circulation ! Et aussi les infrastructures routières en Suisse ! Par exemple, l’A13 fait le lien entre Chur au Nord et Bellinzona au Sud en traversant le Tunnel du San Bernardino (ouvert en 1967 et long de 6,6 km) et sert de liaison stratégique avec l’Italie. Chaque année, près de 2,2 millions de véhicules transitent par ce tunnel !

À la sortie de Splügen, je vais longer l’A13 sur cette route parallèle dans un état impeccable.

Comme 99% des véhicules transitent donc par l’A13, je me retrouve quasiment seul sur une petite route au revêtement impeccable. Je progresse tranquillement de part et d’autre de l’A13, parfois même au-dessus, cette dernière passant par une galleria (avec 2 « l » cette fois-ci !).

Encore une fois, dommage que le paysage soit complètement bouché, j’aurais pu profiter de jolies vues sur cette jolie vallée. À droite, l’A13 passe par une galleria.

J’arrive à Hinterrhein où je vais bientôt attaquer ma seconde ascension du jour. Je distingue que la Vallée du Rhin postérieur (Rheinwald) semble se refermer… il n’y a plus que 2 voies d’accès :

  1. L’A13 qui s’engouffre dans le Tunnel du San Bernadino
  2. Le Passo del San Bernadino

C’est bien sûr ce dernier que je vais emprunter !

Passo del San Bernardino – 2065 m

Distance : 8 km
D+ : 455 m
% moyen : 6%
% max : 6,5% sur 1570 m, 800 m et 800 m

Avant de décrire le profil de cette ascension, j’aimerais préciser une petite particularité géographique propre à notre itinéraire de ce jour. Depuis Chiavenna, nous avons fait une montée plein Nord via le Val Spluga et le Passo dello Spluga, filé plein Ouest vers Hinterrhein puis descendre plein Sud via le Passo del San Bernadino via la Valle Mesolcina. Nous avons ainsi évolué parallèlement le long de la frontière italo-suisse symbolisée par une chaîne montagneuse située entre les Massifs de l’Oberhalstein (Est) et de Ceneri (Ouest).

Enfin, tout ça pour expliquer que le Passo del San Bernadino est presque le jumeau du Passo dello Spluga ! En effet, je vais désormais grimper son versant court (comme le versant Nord côté Splügen/Suisse que j’ai descendu) puis descendre son très long versant Sud (comme le versant Sud côté Chiavenna que j’ai grimpé). Il vous suffit de revoir la carte et le profil plus haut dans cette page pour tout comprendre !

Le versant Nord du Passo del San Bernadino ne présente pas à mon sens de difficultés majeures. Il est assez court avec ses 8 km et propose un D+ raisonnable avec ses 455 m. Il a aussi l’avantage de présenter une pente très régulière autour des 6%, un pourcentage parfaitement négociable. Je me pose seulement 2 questions : la première est de savoir si j’aurais le jus nécessaire pour enchaîner cette seconde ascension avec le monstrueux Passo dello Spluga dans les jambes et surtout une pause déjeuner qui ne me réussit pas souvent… la seconde est d’avoir à affronter à nouveau l’humidité et le froid à plus de 2000 m d’altitude…

À noter que personne ne m’a rattrapé pour l’instant, c’est bizarre… j’ai fait juste une petite pause technique et je n’ai pas roulé très fort afin de garder de l’énergie pour cette ascension. Je ne prendrais qu’une seule photo, la partie « tourisme » étant définitivement abandonnée à cause d’une météo qui n’aura jamais montré le moindre signe d’amélioration…

C’est parti ! Il pleut toujours mais pas trop fort. Je ne me sens pas trop mal, les jambes tournent correctement, c’est très bon signe… et ma confiance est renforcée par un superbe enchaînement de 16 lacets sur une route à l’asphalte nickel ! J’adore quand c’est comme cela ! De plus, je suis au calme complet, le flot de voitures rencontré dans le Passo dello Spluga étant dévié naturellement vers l’A13 et le Tunnel du San Bernardino.

Finalement, Batsirai fini par me rattraper à la moitié de la suite de lacets (normal, c’est un jeune et il est très véloce ha ha ha) , par contre personne d’autre ne m’a doublé… bizarre ! Sur ma Route des Grandes Alpes en 2024, j’étais très souvent à la traîne…

Dans la série de lacets… par beau temps !

La série de lacets prend fin et la route file désormais sur une espèce de plateau. Je suis dans les nuages, l’ambiance est fantomatique… il y a aussi un bon vent de face qui se joint à la partie et surtout qui rend l’atmosphère bien froid ! Brrrrr, je monte mon cache cou polaire jusque sous les yeux et balaie vite – question de survie – la petite pensée qui me dit « qu’est-ce que je fiche ici ! »…

Dans un lacet, Stéphan me double. Quelle ne fut pas ma surprise de voir que dans le camion se trouvent Mansour, George, Esther et Ruth qui ont abandonné à la suite de cette journée trop pluvieuse !

Paysage fantomatique…

Je rentre les épaules mais j’évolue tranquillement dans un décor qui devient de plus en plus minéral. Il y a de temps en temps d’autres petits lacets qui permettent de rythmer l’ascension. J’ai droit à une petite distraction en passant à côté d’un ensemble de bâtiments assez constitué de 2 tours assez particulières : ce sont des puits d’aération du Tunnel de San Bernadino.

Les puits d’aération du Tunnel de San Bernadino.

Un paysage de plus en plus minéral.

Je progresse bien, les derniers hectomètres oscillants autour des 6% ne sont qu’une formalité et me voilà au Passo del San Bernadino à 2066 m d’altitude (2065 m sur le panneau mais je préfère me référencer à celle donnée par le Club des Cent Cols). Même si elles se sont déroulées dans de bonnes conditions physiques, je suis aussi content d’en avoir fini avec les montées du jour.

Il y a normalement un joli lac à voir – le Laghetto Moesola – mais aujourd’hui, il a presque l’allure d’un lac écossais. Dommage, ce col me semble bien sauvage. Après une rapide photo, je me tourne vers l’autre curiosité du lieu : l’ancien hospice de San Bernadino. Ce dernier fait office désormais de bar/restaurant dans lequel je vais m’abriter car Stéphan et une partie du groupe y ont fait un arrêt.

Passo del San Bernadino (© Tobias Krampulz).
Mais qu’est-ce je fiche ici ?!!!
L’ancien hospice du Passo del San Bernadino (© Tobias Krampulz).
Un très bref aperçu du Laghetto Moesola (© Tobias Krampulz).

Une vue magnifique par belle journée… il y a aussi des centaines de cairns !

Il n’y a rien pour mettre le vélo à l’abri… je le pose quand même dans le petit porche d’entrée mais ce n’était pas la chose à faire car le propriétaire n’a pas été très content par la suite ! Il y a un étroit escalier qui mène à l’étage où se trouve le bar/restaurant.

Mais voilà Patricia qui arrive soudainement. Elle est frigorifiée et complètement perdue. Je lui dis de monter tout de suite se mettre au chaud pendant que je m’occupe de poser son vélo (dans le petit porche… double engueulade mais ça a été gentil !).

Je monte l’escalier et je débouche dans le bar/restaurant, il y a un peu du monde ! Je retrouve Stéphan, Mansour, George, Esther, Ruth et Patricia dans une petite pièce… très bien chauffée par un poêle antique mais monstrueux ! Je me place tout de suite à côté pour me réchauffer, ah ça fait du bien !

Esther et Mansour bien au chaud près du fameux poêle (© Stéphan Letartre).

J’aimerais bien m’offrir un café pour finir de me réchauffer mais je n’ai que des euros sur moi, n’ayant encore eu aucune occasion de retirer des francs suisses… Stéphan se renseigne et me dit que c’est possible, ouf sauvé ! Je baragouine un « franglais » épouvantable pour passer ma commande auprès du serveur, pas facile de se faire comprendre… le propriétaire – un homme âgé – s’approche et me demande quelle langue je parle. Je lui réponds en anglais que je suis français… et il me retourne qu’il parle… français aussi ! Il me dit en riant qu’il connaît 4 langues bien utiles pour les touristes qui viennent au cœur des Grisons en Suisse : l’italien, l’allemand, l’anglais et le français !

Parfait, j’ai eu mon café (un moyen) mais il m’en a coûté près de 5 euros (prix comprenant le taux de change) ! Autant dire que je l’ai dégusté…

Pendant ce temps-là, Jenni, Walter, Agustin et Peter sont arrivés mais je n’ai pas vu Batsirai qui en fait ne s’est pas arrêté au sommet. Tobias et Jeremias passeront un peu plus tard. Patricia, encore transie de froid, repartira avec le camion pour terminer l’étape.

Fin de l’étape

Pour ma part, je me concocte une nouvelle dose de courage pour terminer l’étape… Je repars dans le brouillard, la pluie et le froid pour entamer une descente de près de… 40 km ! J’ai trouvé par la suite que tout n’était que démesure dans cette étape…

Je longe le Laghetto Moesola sur près de 1 km, c’est tout plat. Puis je plonge dans la Vallee Mesolcina. Au début de la descente, j’ai eu un petit instant de « panique » : je passe à côté de nouvelles cheminées d’aération du Tunnel du San Bernardino… et comme elles avaient exactement la même forme que celles du versant opposé et évoluant encore dans le brouillard, j’ai cru un bref instant que j’étais reparti dans le mauvais sens !

Bon, autant vous dire que ça n’a pas été facile dans cette très longue descente car il m’a fallu négocier près de 55 virages ! Avec la pluie et la route détrempée, la gomme de mes patins en a pris un sacré coup… il a fallu aussi que je m’arrête 2 fois pour soulager les mains à force de freiner dès que je prenais un peu trop de vitesse sur une pente qui tournait souvent autour des 8% ! Heureusement que la route était nickel mais je n’en attendais pas moins de la part de la Suisse, fidèle à sa réputation d’avoir des routes très propres ha ha ha !

Le gros de la descente s’est déroulé en 3 temps :

  1. Près de 7 km jusqu’à San Bernardino (alt. 1608 m). J’ai bien froid, la température n’étant passée que de 8 au sommet à 9°C. Je parle en température brute, en ressenti on peut facilement enlever 3 degrés ! Je peux apercevoir la sortie du Tunnel du San Bernardino. L’autoroute A13 va continuer son propre chemin et moi suivre l’ancienne route. Les 2 voies se croiseront durant près de 15 km. J’ai pu voir l’impressionnante infrastructure de l’A13 construite sur une succession de viaducs et de tunnels, l’ancienne route passant plusieurs fois dessous.
  2. À San Bernardino, il y a une petite remontée d’environ 1 km. C’est du D+ en plus mais je ne suis pas trop mécontent car elle me permet de me réchauffer un peu !
  3. À la sortie de San Bernardino, c’est reparti dans la descente. Je vais souvent évoluer dans les sapins. Il y a de beaux chalets suisses un peu partout mais je n’ai hélas pas trop le loisir de les admirer. J’ai mis tellement de temps à descendre que vers Mesocco, Peter, Tobias et Jeremias me rejoindront. La traversée de Mesocco s’est faite sur une belle route pavée et il y a un magnifique château situé sur un rocher abrupt… quel dommage qu’il ait fait si mauvais, j’ai raté plein trucs chouettes à voir…

Le décor de ouf que j’ai raté dans la descente du Passo del San Bernadino…

Le Château de Mesocco (photo de ManTicino).

Il reste près d’une vingtaine de kilomètres, la température est enfin redevenue plus clémente avec 15°C mais la pluie est toujours présente. J’ai fait le plus gros de la descente, la suite ne va être plus qu’une alternance de faux plats descendants et de portions plates. Je poursuis avec Peter, Tobias et Jeremias mais je fais un peu le yoyo car je commence à sentir ma barre de vie perdre nettement de son énergie…

La fin de l’étape va être très bizarre… 3 facteurs vont entrer en jeu :

  1. Tout d’abord, la trace GPS fournie par Vélorizons indiquait un point final situé à Verdabbio. Or, ce dernier devait être atteint à l’issue… d’une montée. Cette dernière devait théoriquement nous achever avec près de 4 km avec 240 m de D+ supplémentaires à 6% de moyenne !
  2. À force de faire le yoyo, je me retrouve seul. Le début de la montée devait commencer à Piani di Verdabbio mais mon GPS Garmin me recalcule le trajet en me faisant passer beaucoup plus bas dans la vallée. Comme je ne voyais pas de panneau « Verdabbio » et de véritable route (c’était une piste cyclable) et aussi ne voyant pas Peter, Tobias et Jeremias qui n’étaient pas très loin devant moi et qui devaient – en théorie – commencer à grimper, je décide de poursuivre sur la route principale… ça a été mon premier coup de chance !
  3. En effet, j’ai découvert par la suite que l’étape ne se terminait pas à Verdabbio mais à Roveredo, soit 7 km plus bas dans la vallée ! Une semaine avant le départ, j’avais reçu les traces GPX. Celle de la première étape menait à Verdabbio, par contre la feuille de route et l’itinéraire de l’appli de Vélorizons menaient bien à Roveredo. M’étant focalisé sur la trace GPX qui n’avait pas été mise à jour (erreur de Vélorizons…) par rapport au plan de route (lieu de l’hôtel bien à Roveredo mais final de l’étape faussement située à Verdabbio, autre erreur de Vélorizons…) ou à l’appli, j’ai failli ne pas terminer mon étape au bon endroit !!!

Cependant, en étudiant les alternatives de mon Garmin, j’avais tout de même décidé de continuer sur la route principale jusqu’à Grono puis de grimper jusqu’à Verdabbio…

C’est avant Grono que je rattrape Jeremias et Tobias qui s’étaient arrêtés pour étudier la fin de l’itinéraire sur leur téléphone. J’étais bien fatigué et n’avais plus envie de réfléchir, la pluie me tombait sur le casque depuis des heures… je décide de rester avec eux pour les suivre… ça a été mon second coup de chance !

On reprend la route… mais je ne comprenais pas pourquoi on restait sur la route principale sans commencer à grimper quoi que ce soit… il a fallu s’arrêter encore une fois pour s’orienter à l’entrée de Roveredo. Comme Jeremias et Tobias parlaient en allemand et avaient quand même l’air de savoir ce qu’ils faisaient, je leur faisais confiance…

Et c’est environ 3 minutes plus tard que l’on arrive avec soulagement au point final de cette étape à Roveredo à l’Albergo Stazione qui n’avait rien à voir avec à l’hébergement prévu à Verdabbio (que je savais avoir été utilisé lors de l’année précédente). C’est enfin là que j’ai compris que je m’étais trompé sur le lieu de l’hébergement… quel sacré coup de chance j’ai eu ! À ce jour, je n’ai pas encore compris pourquoi le lieu avait changé… je pense quand même qu’il a eu lieu au dernier moment pour une raison que j’ignore et que la trace GPX et le plan de route n’ont pas été mis à jour correctement.

D’ailleurs, cet hôtel de substitution remplissait bizarrement sa fonction initiale : accueillir un groupe de cyclistes… d’abord Jeremias, Tobias et moi-même remisons rapidement nos vélos dans… la salle du bar et non dans un local vélo ! Je ne vous dis pas l’état du vélo que j’avais nettoyé de fond en comble 2 jours auparavant… Et un peu plus tard, on a eu un repas assez chiche où il a fallu réclamer le dessert qui s’est avéré être une coupe de… boules de glace !

L’Albergo Stazione à Roveredo (photo de KTY Jeslina).

Il est 17h30, place à la récupération mais ça n’a pas été facile… Je récupère assez rapidement mon sac, la clé de ma chambre et le code wifi et monte tant bien que mal dans un escalier assez raide au second étage. À l’entrée de ma chambre, je constate d’abord qu’elle est assez sympa avec 2 lits très confortables (non non, j’en ai utilisé qu’un seul !). Mais l’instant d’après, je ne fais pas un pas de plus… j’étais tellement trempé qu’une flaque d’eau s’était instantanément formée à mes pieds !!!

Je suis obligé de me déshabiller à l’entrée de ma chambre si je ne veux pas mettre de l’eau partout ! Une (nouvelle) douche plus tard, je dois passer un temps pas possible pour m’occuper de mes affaires mouillées… sauf que je vais avoir un problème : il n’y a pas de radiateurs dans la chambre ! Toutes les chambres devaient être équipées seulement d’un plancher chauffant. De plus, l’hôtel n’avait pas de sèche-linge à mettre à notre disposition…

Je décide de ne faire malheureusement aucune lessive, d’essorer au mieux mes affaires et de les suspendre tant bien que mal un peu partout entre la salle de bains et la chambre… heureusement que j’avais emporté 2 cintres en plus. Le défi a le même pour tous les participants et a été plus ou moins bien relevé… voir les exemples ci-dessous !

Le plus dur a été de faire sécher mes chaussures qui étaient complètement imbibées d’eau. Avec l’aide d’un sèche-cheveux, j’essaie de faire au mieux mais c’est long et un peu inefficace car je dois veiller à ce que l’engin ne grille pas en ne l’utilisant pas plus de 5 minutes et en attendant qu’il refroidisse un peu avant de le réutiliser.

Au final, mes chaussures étaient encore un poil humides le lendemain matin et j’ai passé au moins 45 minutes à m’occuper de tout cela alors que j’aurais préféré consacrer ce temps au repos. De plus, j’aurais une nouvelle et désagréable petite surprise en me préparant le lendemain matin mais ça, j’en parlerais dans le récit de la seconde étape…

Une nouveau type de sèche-linge breveté par Ruth !

Le dîner est prévu à 19h30, je peux enfin me poser durant 3/4 d’heure et repenser à cette grosse journée. Au total, cette première étape présente des chiffres assez conséquents : 102 km en 6h42 de selle (8h32 avec les pauses) et 2477 m de D+ ! Je retiens surtout le fait qu’elle s’est déroulée entièrement sous la pluie tout en franchissant 2 cols à plus de 2000 m d’altitude !

Physiquement, j’ai bien accusé le coup, le coup de pédale a été plutôt pas mal du tout et je n’ai pas eu de coup de mou dans les 2 ascensions. Un tout petit peu de fatigue sur les 10 derniers kilomètres que je mettrais un peu sur le compte d’avoir eu une certaine lassitude par rapport au fait de s’être pris des seaux entiers de flotte sur la tête durant toute la journée !

Personnellement, je suis très déçu car je n’ai absolument pas pu profiter du paysage !

Le moral est bon mais beaucoup de questions et de doutes occupent ma pensée pour la suite du voyage… d’abord les prévisions météo annoncées pour la semaine sont assez mauvaises… j’espère ne pas avoir attrapé un « coup de froid » qui pourrait m’être fatal dans les jours à venir… puis enfin la condition physique tiendra-t-elle au fil des 5 prochaines étapes avec encore 570 km et près de 13500 m de D+ ?

Les réponses viendront dans les prochaines étapes à venir…

Voir aussi :

2 réflexions sur « Étape 1/6 – Chiavenna > Roveredo »

  1. salut, ya (au moins) une petite coquille, garmin 840 (la prochaine étape tu seras avec le 1050 ? lol)

    efface ce commentaire qui ne sert à rien à part te montrer que je lis attentivement ^^

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