Alpes – Albertville / Col de la Madeleine

Dimanche 17 juin 2018 / 92 km / D+ 1816 m / 5h41

Lever tranquille vers 7h30 après une nuit correcte. Faisons un point : les jambes sont pas mal et je ne ressens pas trop de courbatures. C’est tout bon pour la dernière sortie de ce petit séjour avec le Col de la Madeleine ! Zéro stress pour cette matinée car je peux libérer mon emplacement cet après-midi. Le ciel est couvert mais il fait une température idéale autour des 23°C. J’avale comme à mon habitude un bon petit déjeuner afin de faire le plein d’énergie, prépare minutieusement le vélo (ça n’empêche pas d’avoir oublié 2 ou 3 fois les bidons, je suis sûr que c’est déjà arrivé à plusieurs d’entre vous !) et c’est parti.

Contrairement aux deux jours précédents où j’avais remonter la Vallée du Doron, je vais emprunter une autre vallée, celle de la Tarentaise, sur 18 km. Une vallée prestigieuse pour les cyclos qui mène à de très belles ascensions : celle du Col de la Madeleine qui se présente en premier, mais aussi, entre autres, vers les Stations des 3 Vallées – Val Thorens, Méribel, Couchevel -, la Station de la Plagne, le Cormet de Roselend, le Col du Petit Saint-Bernard et le plus haut col routier des Alpes, le Col de l’Iseran.

À la sortie d’Albertville, j’entre dans la Vallée de la Tarentaise par la Plaine de Conflans et je vais suivre simplement dans un premier temps la D990. Là, je peux m’échauffer sur un profil quasi tout plat ponctué de quelques faux-plats montants. La route est très tranquille, les véhicules empruntant la N90 qui se trouve au milieu de la vallée.

La Plaine de Conflans, à la sortie d’Albertville, marque l’entrée de la Vallée de la Tarentaise.

Les sommets sont, une fois de plus, couverts par les nuages. Je n’ai décidément pas trop de chance, cela veut dire des photos moins bonnes et pour la vue sur le Mont Blanc au Col de la Madeleine, c’est sûrement râpée ! Les villages et quelques curiosités défilent : Tours-en-Savoie, le Château en ruine de Chantemerle, la Bâthie, Arbine. À la sortie de ce dernier, je laisse la D990 pour suivre une voie qui suit de près la N90. Arrivé à un rond-point, je fais une erreur d’aiguillage en passant par la Roche et me retrouve sur une bretelle d’accès de la N90 qui est en fait une autoroute. Demi-tour, je reviens au rond-point, traverse un pont qui enjambe la N90 et reprends mon chemin via la D66.

Château de Chantemerle peu avant la Bâthie.

Peu après Rognaix, la vallée effectue un impressionnant resserrement avec un seuil (appelé également « verrou »). Sur à peine 150 m, se faufilent : la rivière de l’Isère, la N90, la D66 et une ligne de chemin de fer (et encore, par un court tunnel) !

Puis c’est la Rochette et Feissonnet où va enfin débuter l’ascension du Col de la Madeleine. Je suis heureux, j’en rêvais depuis longtemps. J’ai souvent lu que ce versant était le plus beau. J’ai déjà grimpé les deux variantes du versant Sud dont celle via Montgellafrey pas plus tard que l’année dernière ! Ce sera aussi un double plaisir de pouvoir faire tous les versants de ce col et d’y retourner, chose rare, juste un an après !

C’est aussi un col dur : assez haut en altitude avec 1993 m, long avec 25 km et 1589 m de D+ à 6,5%. Sur le profil, on peut voir que l’ascension propose tout de même 2 plages de récupération entre 3 passages assez difficiles, ce qui sera bien appréciable.

Un profil irrégulier et difficile…

À Feissonnet, la route commence à se cabrer doucement avec 275 m à 4,5% puis sûrement avec 515 m à 7,5%. Voilà de quoi bien chauffer pour atteindre le pied officiel du Col de la Madeleine. Car il y a aussi un autre marchepied venant de La Léchère et qui propose une rampe un poil moins sévère de 670 m à 6%.

Virage à droite pour suivre la D213 où la pente garde le même pourcentage – 7,5% – mais sur 1475 m puis s’accentue encore plus avec 615 m à 9,5% suivi de 610 m à 8%. C’est hard, heureusement une jolie série de lacets, avec quelques virages assez plats, bien à l’ombre, permet de gérer ce gros passage.

Je fais un check : les jambes tournent bien et j’ai fait attention à bien rouler en dedans pour ne pas me griller trop vite et surtout me préserver d’éventuelles crampes (ma mésaventure vécue 2 jours auparavant lors de ma première sortie est encore bien vivace !). Le physique est présent, le moral au beau fixe, je ressens même une meilleure condition comme si le rodage était terminé et que mon corps avait assimilé la possibilité de mieux encaisser les gros efforts. À partir de cette satisfaction, je sais que j’irais au bout sans problème.

Début de l’ascension à Feissonnet.
Au départ officiel du Col de la Madeleine, c’est parti pour 25 km de montée !
Des lacets bien rudes dans la première partie.
Mais aussi quelques virages plats qui permettent de se reposer quelques mètres.
On est souvent à l’ombre dans la première partie, il fait un peu chaud, j’achète !

À partir de l’intersection avec une route menant à Pussy, la route devient rectiligne mais la pente devient moins insistante avec 1615 m à 7%, puis 500 m à 6% et enfin 560 m à 5% jusqu’aux Granges. On serait tenté de remettre du braquet mais ne nous emballons pas, il reste encore 19 km d’ascension ! La route continue de s’élever gentiment sur 2 lacets vers Bonneval avec 1620 m à 6%. Attention, elle ne passe pas par le village qui est un peu plus haut. Par contre, elle passe par Villard Soffray, qui dépend de Bonneval et abrite, par contre, sa mairie. C’est l’occasion de faire une pause photo car on a un beau point de vue sur la Vallée de la Tarentaise en contrebas et aussi de profiter d’un très beau replat de 1240 m à 4% qui devient même délicieux puisqu’il passe à 1% sur 925 m !

Sur la route à proximité de Bonneval. La pente oscille gentiment autour des 6%.
Villard Soffray. La maison perchée dans le vide est la Mairie de Bonneval.
Une vue plongeante sur la Vallée de la Tarentaise. Dommage, les nuages masquent les sommets du Beaufortain.
Une légère descente après Villard Benoît, c’est bon pour grapiller plusieurs hectomètres assez facilement !
C’est aussi une route en balcon qui permet de profiter du paysage.

Ce premier passage de récupération s’achève avec une légère descente de 1415 m. Refaisons les comptes : un peu plus de 11 km depuis Feissonnet, il en reste 14 à gravir. Pour ma part, tout va bien, ma barre de vie est à 90%, c’est parti pour la suite.

Fin de la descente et montée vers la Thuile.

Les 1000 m d’altitude sont tout juste atteints, il y a encore du boulot. Ça commence par une montée progressive jusqu’à la Thuile qui consiste en 700 m à 5,5%, 1045 m à 6,5% et 1080 m à 8%. C’est très plaisant, le paysage, fait essentiellement de forêts jusqu’à maintenant, se diversifie avec de jolis hameaux comme le Crozat, une cascade, des pâturages et aussi un très beau lacet mettant en valeur la Thuile.

J’ai même droit à un peu d’animation, une moto s’est plantée avec un convoi de Volkswagen Coccinelles ! Pffff, ces accidents stupides que l’on voit souvent en montagne,  je n’ai jamais réussi à comprendre pourquoi il y en a qui veule aller vite ! Heureusement là, il n’y a pas de blessés.

 

Cascade du Torrent d’Eau Rousse au-dessus de Crozat.
Lacets en contrebas de la Thuile.
La Thuile, possibilité de s’approvisionner en eau.

À la Thuile, je n’hésite pas à faire les niveaux à une fontaine. Je poursuis vers Celliers qui vient rapidement après malgré 710 à 8%. Le passage dans le village à l’aide d’un nouveau lacet se fait assez bien grâce 745 m à 7%. Puis c’est le « big morceau » de cette ascension : 2745 m sur une pente comprise entre 8,5 et 10% !

La route passe par Celliers dessus puis amorce un superbe lacet qui épouse la Montagne des Plans. L’effort prend fin au niveau d’un pont qui enjambe le Ruisseau des Plans Nant Perrou qui offre une belle cascade. Le Col de la Madeleine sait offrir quelques cadeaux à ses valeureux guerriers : une seconde phase de récupération avec 2,6 km sur une pente comprise entre 3 et 4%. Ça fait du bien, je passe même un ou deux pignons pour relancer un peu et réduire plus rapidement la distance vers le final.

Celliers.
Celliers dessus, ça grimpe à… 9,5% !
Regard en arrière sur un lacet peu après Celliers dessus.
Ambiance fantôme vers le Col de la Madeleine.

Dans ce replat, j’ai droit à mon second névé après le petit que j’ai croisé dans le Cormet de Roselend. Je suis super content, c’est la première fois depuis que je fais des ascensions en montagne, que je profite de ce type de décor, d’ailleurs je serais bien gâté un peu plus haut.

Névé au niveau du Ruisseau de la Valette.
Le bon hiver 2018 a mis un peu à mal la route et ses glissières de sécurité.

La pente s’accentue à nouveau, c’est le signal que je vais enfin aborder le final après 21 km d’ascension… et quel final, malgré quelques nuages, j’ai droit à un décor extraordinaire avec la minérale Chaîne de la Lauzière. Le spectacle est à son comble lorsque je suis témoin d’une petite avalanche qui s’est déclenchée soudainement sur les pentes de son point culminant, Le Grand Pic de la Lauzière (2555 m).

C’est bientôt le final… la route est nickel.
Avalanche sous le Grand Pic de la Lauzière !

Par contre, je vois quelques blocs de pierres et de glaces glissés jusqu’au-dessus de la route qui passe plus haut et cela m’inquiète un peu. Je ne gamberge pas longtemps, c’est qu’il faut avaler le dernier gros morceau : 2,5 km à 9% suivi de 1,2 km à 8,5%. Je peux me lâcher, je me sens bien et je sais qu’il n’y aura pas de crampes pour me gâcher la fête !

Au niveau des Chalets de la Lauzière d’en bas. La pente est à 9%.
Chouette décor avec un mélange d’alpages et de roches.
Les fantastiques sommets déchiquetés du Grand Pic de la Lauzière.
Des éboulis qui évoquent la Casse Déserte du Col de l’Izoard.
Un petit coup d’œil sur la Lauzière d’en bas.
C’est sauvage et c’est beau !
Vue sur les lacets du final, c’est sublime !
La rampe finale.
Il reste un énorme néné, trouvez mon vélo !
La particularité des roches : noire et brillante !
La pente est à 8,5%…
La borne est trompeuse, il reste environ 300 m à plus de 8%, les 700 suivants sont à 3%…
Le Mont Blanc est planqué dans les nuages !

Le  sommet du col est bien en vue… cerise sur le gâteau de ce final, il ne reste plus que 725 m à… 3,5% ! Un replat sur lequel je jette mes dernières forces avec délice. Je franchis pour la troisième fois le Col de la Madeleine à 1993 m d’altitude. Je commence à avoir une belle boîte à souvenirs pour ce col… J’ai une pensée pour ma famille et surtout pour mon fiston qui s’était cassé le bras l’année dernière à quelques mètres de là.

Col de la Madeleine en vue et la route devient très roulante…
Je ne suis pas sur la photo, trop de monde et puis il est moche ce panneau !
Je préfère celui-là et en plus, je suis exactement à la bonne altitude !
Col de la Madeleine – panorama Nord, manque malheureusement le Mont Blanc !

Cette fois-ci, je fais une bonne pause au sommet, m’offre un café à une terrasse qui aurait pu être 3 étoiles si les nuages n’avaient pas gâché la vue sur le Mont Blanc. Un petit appel à mon père car c’est la Fête des Pères et aussi parce qu’il a toujours eu un œil attentionné sur mes aventures vélo.

Je suis heureux, profite totalement de l’instant tout en pensant à mes objectifs qui ont tous été atteints pour ce petit séjour, même s’ils ont été un peu difficiles et peut-être un peu ambitieux avec trois « 1900 » en trois jours. Mais je n’ai aucun regret car il fallait profiter à fond de cette opportunité, les occasions étant assez rares.

Col de la Madeleine – panorama Est.

C’est le moment de repartir. Je fais une descente tranquille pour profiter des points de vue sur le ciel qui commençait à se dégager (trop tard !). Dans la Vallée, un gros vent du Nord s’était levé. Finalement, il ne m’a pas trop gêné, j’étais dans une superbe forme, dommage j’étais désormais prêt pour de nouvelles ascensions pour le lendemain !

En redescendant, un dernier regard sur le Col de la Madeleine.
En redescendant, le ciel s’est un peu découvert.
L’éboulement qui a coupé définitivement la route qui mène à Combelouvière.
Vite une photo !
Celliers au milieu des prés, splendide !
Grand Naves, il y aussi une belle ascension à faire une autre fois…
Le petit hameau du Cudray. Pour y accéder, il faut partir d’Aigueblanche qui se trouve de l’autre côté de la montagne !
Le pied officiel du Col de la Madeleine, vue sur l’accès côté La Léchère.
Retour vers Albertville et vue sur le Massif des Bauges.
Plaine de Conflans, vue sur les pentes du Col des Cyclotouristes.

J’arrive au camping, au compteur 92 km et 1816 m de D+. Sur la totalité des 3 jours, j’aurais cumulé 284 km et 6776 m de D+. Une bien belle opération où j’ai ajouté 5 nouveaux cols à ma collection (Col des Cyclotouristes, Col du Joly, Col de Montessuit, Col du Pré et Col de Méraillet) mais aussi avec une météo parfaite où je n’ai pas eu à souffrir de la chaleur.