Alpes – Cime de la Bonette

Cime de la Bonette

Dimanche 8 août / Distance 66,5 km / D+ 1626 m

La Cime de la Bonette : 2802 m – 1589 m de dénivelé en 24 km d’ascension (de Jausiers). Le plus haut sommet routier français  (européen ? comme l’annonce les pancartes plantées à Jausiers – voir la page WIKIPEDIA qui en dit plus long sur le sujet) ! Pour avoir déjà tutoyé un des plus hauts sommets avec le col de l’Iseran (2770 m), je savais que la montée n’allait pas être de tout repos malgré les 5 précédentes sorties. En étudiant le profil, la déclivité moyenne était de 6,5% et beaucoup de passages présentait du 7,5/8% ! Une grosse ascension en perspective que j’allais vérifier ce matin…

Décollage à 9h… je m’échauffe tranquille sur la liaison Barcelonnette – Jausiers puis c’est le début de l’ascension. Dès la sortie de Jausiers, la pente s’incline à 6,5/7%. Les débats sont déjà lancés et je sens que je n’ai pas de grosses jambes… hou la la, la matinée va être longue ! J’enroule une série de lacets bordés par le hameau du « Serre des Bérauds » et après 3,5 km environ (alt. 1402 m) Jausiers apparaît déjà tout petit en contrebas.

Après avoir dépassé le dernier hameau de « la Chalannette » (alt. 1555 m), la route – avec une nouvelle rupture de pente à 8,5% – s’enfile dans une vallée creusée par le torrent de Clapouse et dominée par le « Bec de l’Aigle » (alt. 1811 m) sur la droite. Le paysage est de toute beauté. Au franchissement du pont qui enjambe le « Ravin de la Combette », une barrière levée ainsi qu’un panneau annoncent que vous empruntez désormais une route de haute montagne.

Un problème est survenu depuis une dizaine de minutes… une nuée de mouches ont décidé de m’accompagner dans mon effort ! Tous les cyclos ont déjà connu ce problème et reconnaîtront que c’est super chi… et après réflexion, ont sûrement décidé que la mouche était un insecte qui ne devait pas exister sur terre !

Avec ces feignasses de mouches agglutinées sur mon guidon, j’aborde une série de 4 lacets assez difficiles : 140 m de dénivelé en un peu près 2 km.Une image incroyable : un cyclo me dépasse avec aussi sa nuée de mouches… les miennes sont attirées par celles de mon collègue qui se retrouve avec une constellation de ces satanées bestioles ! Mais mon répit n’aura duré que quelques secondes, de nouvelles mouches revenaient à la charge !

Au passage de l’endroit qui s’appelle « le Rochas » (alt. 1785 m), il y a un resserrement de la vallée qui nous fait perdre de vue la vallée de l’Ubaye et nous avons donc droit à un nouveau décor : il y a encore quelques pâturages mais le paysage est devenu plus minéral.

La pente reste soutenue entre 7,5 et 8% de moyenne sur les 3 kms suivants. Au passage du restaurant « La halte 2000 », mes copines les mouches décident enfin de me lâcher… il était temps, elles commençaient à saborder mes forces. 2 magnifiques lacets nous emmènent à l’altitude de 2000 m après 12 km de montée. Il reste encore la moitié à effectuer. Il y a un léger replat de 1 km à 4,5% qui me permettent de récupérer un peu. J’allais en avoir bien besoin car les 7 prochains kms allaient être sacrément durs !

Un nouveau resserrement de la vallée ponctué par une légère descente et le passage d’un pont enjambant le torrent de Clapouse nous fait déboucher cette fois-ci dans un décor quasi minéral avec des rochers impressionnants. Au passage de la Cabane Noire (alt. 2150 m), il y a une série de 6 lacets avec des passages à 9/10%. C’est dur ! D’autant que le vent s’en mêle un peu. Je passe en mode « super-diesel » et profite tout de même du paysage qui est sublime. Je tente d’entrevoir la Cime de la Bonette au-dessus du « Sommet de Caire Brun » (alt. 2812 m) mais elle n’est pas en vue.

Au passage du petit « Lac des Essaupres », je me refais une petite santé sur 1 km à 5%. Puis après le lac, il faut reprendre l’effort : 3 km entre 7,5 et 8% pour arriver aux « Casernes de Restefond » (alt. 2600 m). Je suis un peu cuit, je dépasse difficilement un cyclo fou qui traînait une remorque avec au moins 50 km de matos !

La vue des magnifiques Casernes de Restefond me font un peu oublier mon épuisement. Les lacets sont quand même bien enroulés et la pente faiblit enfin à 6%. Au passage du « Faux Col de Restefond’ (alt. 2656 m), ma santé revient soudainement et surtout la Cime de la Bonette est en vue : elle est majestueuse !

Il y a quand même pas mal de vent mais la déclivité est assez faible (entre 3 et 5%). Sur la gauche, il y a de mystérieux blockhaus datant de la seconde guerre mondiale. Je m’arrête à leur niveau pour enfiler une veste car le vent souffle fort et est assez froid.

Au « Col de la Bonette » (alt. 2715 m), on a le choix entre une route qui monte à gauche ou à droite, cette dernière faisant en fait le tour de la Cime. Le profil étant tout aussi effrayent des 2 côtés, je choisis le passage à droite.

Petit détail, un panneau placé tous les kms depuis Jausiers annonçait l’altitude, le pourcentage du prochain km ainsi que la distance restante… he bien les initiateurs de ce beau concept ont tout simplement omis le dernier ! Je pense qu’ils n’ont pas voulu faire peur aux éventuels cyclos un peu cramés avec, en fait, un dernier km à 9% de moyenne ponctué par un final dans les 100 derniers mètres atteignant les 12% !!! Pour ma part, je finis très bien et laisse même un cyclo hollandais 3 bonnes minutes après moi au départ du pied de la Cime. Le plus haut point routier hexagonal est atteint à 2802 m, c’est quand même énorme !

Mais petite déception, le coin – à l’égal des mouches rencontrées plus bas – est occupé par une nuée de touristes ! On était un dimanche mais quand même… sur cette route pas très large, des dizaines de voitures et camping-cars, des centaines de motos (y’en a même une qui a commencé à se garer devant la stèle commémorant cette altitude où des dizaines de gens posaient pour une photo !). Les motards se gaussaient tous d’avoir réaliser un exploit pour avoir réussi à monter leur machine de 300 kgs jusqu’à ce sommet ! Je voyais quand même à travers l’air dégoutté des quelques cyclos présents à cet instant que le moteur n’était pas le même !

Me sentant un peu étrangement anonyme parmi cette foule, je retrouve ma petite famille. Il fait froid, il est déjà plus de midi, j’ai faim… je n’ai pas le courage de faire la petite grimpette à pied pour atteindre la table d’orientation qui se trouve un peu plus haut à 2860 m… je suis aussi un peu dégoutté à cause d’un abruti qui voulait absolument garé son gros 4×4 juste à l’endroit où je contemplais le paysage tout en mangeant une barre de céréales ! J’enfourche ma monture et redescends (en empruntant l’autre versant de la Cime) vers le Lac des Essaupres pour un frugal déjeuner bien mérité.

Au final, je suis tout de même fier d’avoir accroché cette montée mythique à mon tableau de chasse. Il restera encore le Col Agnel (alt. 2744 m), 3ème sommet le plus élevé du podium hexagonal à franchir une prochaine fois…


Après le franchissement du pont qui enjambe
le Ravin de la Combette au 7ème kilomètre.


La vallée de l’Ubaye avec Jausiers tout au fond.


Mmmh… quelle magnifique série de lacets !


Route bordée de parois rocheuses au km 9.


La série de lacet après le passage de la « Halte 2000 ».


Passage du pont enjambant le torrent de Clapouse.


Le passage de la Cabane Noire : la pente est très dure.


La preuve !


Le Lac des Essaupres.


Un décor quasi minéral.


La déclivité est gargantuesque ! Vous voyez le petit point noir au milieu de la photo, hé bien c’est une voiture !


Est-ce la Cime que j’aperçois ?


Les lacets au passage des « Casernes de Restefond ».


Les Casernes.


Vue depuis le Faux Col de Restefond.


Blockhaus, vestiges de la seconde guerre mondiale.


La Cime est en vue !


Tout n’est plus que roche noire !


Le Col de la Bonette (alt. 2715 m). Mais ce n’est pas le terminus…


… une petite prière à Notre-Dame du Très Haut…


… pour escalader le dernier kilomètre
qui parait monstrueux !


Un coup d’œil à gauche…


… un autre à droite. Ce sera celui-ci :
dans le final, la pente atteint les 12% !!!


Mon p’tit garçon félicite son courageux papa !


Une photo pour l’éternité !


Ma fille est fière de son papa !


Panorama Sud. On aperçoit en contrebas les lacets du col de la Moutière.


Le chemin pédestre qui mène à la Cime.


La « vraie » Cime de la Bonette (alt. 2860 m).


Panorama grandiose à l’Est.


Y’a foule !


La ligne qui symbolise le passage de la Cime à 2802 m.


Le versant Sud… ce sera pour une autre fois !

Une réflexion sur « Alpes – Cime de la Bonette »

  1. Bravo pour ce bel effort et pour le reportage texte et photos..J’y suis allé « en famille » début août, je me suis fait piéger par le temps très froid en haut et très venté. Il ne faut pas sous-estimer le besoin d’épaisseurs et coupe-vent, ainsi que de gants pour la descente..

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