Alpes – Voreppe / Col de la Placette + Col de la Charmette + Col de Clémencière

Dimanche 26 juin 2022

C’est reparti pour un nouveau stage « Alpes4ever » ! Il est annuel pour la sixième année de suite et ce durant les mois de mai/juin. Après l’Isère en 2017, la Savoie en 2018,  la Haute-Savoie en 2019, 2020 et 2021, ce sera l’Isère pour cette année pour un week-end de 3 jours.

Col de la Charmette, j’en ai bavé dans le final !

Mon lieu de séjour sera situé à Cognin-les-Gorges et à cette occasion, je vais pouvoir découvrir un massif inédit, celui du Vercors. Après avoir lu de long en large de magnifiques récits de sorties vélo réalisées par plusieurs confrères, autant vous dire que j’étais très impatient de le découvrir… et je n’allais pas être déçu ! Mais ça, ce sera pour les 2 premiers jours, le 3e jour se déroulera dans le Massif de la Chartreuse.

Après avoir réalisé une sacrée sortie le premier jour, et une autre le second jour, voici le récit de cette troisième journée…


De Cognin-les-Gorges à Voreppe

Lever 6h45… j’ai passé une nuit assez moyenne… il y a eu une petite averse qui a failli me causer quelques désagréments… c’est que je dors depuis 2 jours avec la porte de ma tente qui ne ferme plus ! La fermeture éclair a lâché lors du montage et impossible de la remettre en état. En guise de dépannage, j’ai réussi à la maintenir plus ou moins fermée avec des épingles à linge ! Pas trop grave à part quelques petites bêtes qui s’invitent plus facilement comme les araignées par exemple ha ha ha ! Par contre, cela aurait été inefficace en cas de grosse pluie…

Il a plu heureusement pas trop fort durant une dizaine de minutes mais c’était suffisant pour m’inquiéter une partie de la nuit… pas idéal pour récupérer de mes efforts de la veille !

Mon lever est matinal car il me faut une heure le temps de petit-déjeuner, de plier mon campement et de régler ma facture au camping. Ensuite, je prends ma voiture pour changer de point de départ pour ma troisième et dernière sortie du week-end.

Je me rends à Voreppe situé à 28 km. Ça m’a pris un peu de temps car je n’ai pas pris l’autoroute. Je trouve une place pour garer la voiture puis prépare soigneusement le vélo et mes équipements. Il est 9h10 lorsque je suis prêt à partir pour encore une sacrée sortie…

Vous aurez compris qu’en partant de Voreppe, je vais changer de massif ! Ce sera celui de la Chartreuse. Et mon programme va être le suivant :

  • Un parcours pas très long de 65 km mais incluant un très bon dénivelé avec près de 1400 m,
  • Le passage de 3 cols : le premier sera celui de la Placette (587 m), le second, celui de la Charmette (1261 m) et le troisième, celui de Clémencière (622 m).

Je tiens à préciser que le Col de la Charmette me tenait vraiment à cœur depuis plusieurs années… c’est que son accès par son mythique versant Nord est « interdit » depuis plusieurs années ! Et oui, je vais récidiver après l’ascension du Pas du Mortier réalisée 2 jours plus tôt. J’aime l’aventure et je n’allais une fois de plus ne pas être déçu !

J’ai réalisé un petit reportage photo, n’hésitez pas à les regarder en mode diaporama en haute définition ! J’ai bien droit à une petite récompense parce que redémarrer des fois sur des pentes à 10%, c’est pas facile 😉 !

Il fait un temps magnifique et les traces de la petite averse de la nuit dernière sont encore présentes avec quelques fins nuages qui vont bientôt s’évaporer… il va faire très chaud aujourd’hui et je vais encore pas mal souffrir cet après-midi…


Col de la Placette

De ma place de parking, je rejoins rapidement le centre de Voreppe. C’est là que débute ma première ascension avec celle du Col de la Placette (587 m). Situé sur les premiers contreforts du Massif de la Chartreuse, c’est un col de passage qui permet généralement de faire la liaison entre Voreppe et Saint-Laurent-du-Pont.

Elle n’est pas très longue avec 5,4 km mais assez corsée avec un joli 6,5% de moyenne. J’ai veillé à bien rouler « en dedans » pour garder des forces pour la suite du parcours.

La route est de bonne qualité avec une bande cyclable. Quelques lacets à l’ombre permettent de s’élever assez rapidement sur une pente soutenue entre 6 et 8% durant 3,5 km. 

Un petit replat – 550 m à 5,5% – fera du bien tout en profitant du paysage qui s’ouvre sur de belles vues sur le Massif de la Chartreuse.

À partir de Pommiers-la-Placette, il faudra se remettre à l’ouvrage avec 1,4 km à 6/6,5% jusqu’au Col de la Placette situé à 587 m d’altitude. Au sommet, rien de notable à part quelques maisons regroupées autour d’un arrêt de bus.

Une petite ascension un peu corsée…
À la sortie de Voreppe, vue sur la Roche Brune.
Sur les hauteurs de Voreppe, en se retournant, une vue magnifique sur une partie du Massif du Vercors.
Dans le deuxième virage, la Chapelle Françon.
Quelques sommets du côté du Massif de la Chartreuse.
J’arrive bientôt au Col de la Placette…
Col de la Placette – panneau 588 m, Club des Cent Cols 587 m.
Ma pomme au Col de la Placette.
Vue général du Col de la Placette.

Je fais une courte pause le temps de prendre quelques photos puis je repars dans le versant opposé. Pour l’instant tout va bien, je sens que je n’ai pas trop mal géré et j’en ai gardé sous la semelle pour la suite.

Il me reste une dizaine de kilomètre pour rallier St-Laurent-du-Pont. C’est facile avec d’abord une douce descente de 4,1 km jusqu’au Pont de Demay puis j’enchaîne sur la D520 durant 5,9 km quasiment plats.

En direction de St-Laurent-du-Pont, j’aperçois d’autres sommets du Massif de la Chartreuse…
… et aussi l’entrée des Gorges du Guiers Mort où débutera ma seconde ascension.

J’arrive rapidement à St-Laurent-du-Pont et décide de m’octroyer une pause croissant au chocolat. J’ai petit déjeuné assez tôt, il faut que je refasse un peu le plein de calories avant d’attaquer le gros morceau de la journée !

Place de l’église de Saint-Laurent-du-Pont.

Col de la Charmette

C’est parti pour la seconde ascension du jour qui être… dantesque !

Le Col de la Charmette, son altitude modeste avec ses 1261 m, sa longueur assez moyenne avec 10,8 km, n’a en fait rien d’une partie de plaisir – comme son nom le laisse pourtant un peu suggérer – avec ses 846 m de D+ à 8% de moyenne !

Et en étudiant de plus près le profil ci-dessous, la montée est « agrémentée » de plusieurs passages assez longs à plus de 10% ! Et enfin, l’ascension est rendue encore plus difficile en traversant une partie « interdite » abandonnée depuis le début des années 90… elle sera donc forcément en assez mauvais état. Je ne m’inquiète pas trop, j’ai déjà eu un très bon entraînement 2 jours plus tôt avec l’ascension du Pas du Mortier !

Un profil dantesque !

L’ascension se déroulera en 3 parties :

  1. Une première longue de 4,5 km de St-Laurent-du-Pont à la Chartreuse de Curière avec un passage de 2,9 km à plus de 10% de moyenne !
  2. Une seconde longue de 3 km de la Chartreuse de Curière à l’entrée du Vallon du Tenaison comprenant le passage de la partie abandonnée…
  3. Une troisième longue de 4,3 km empruntant le Vallon du Tenaison avec un final très ardu (13,5% max) long de 1150 m.

C’est parti ! À la sortie de Saint-Laurent-du-Pont, je m’engage dans les Gorges du Guiers Mort en empruntant la D520b. Durant 800 m, c’est la partie la plus facile de l’ascension avec une pente à 1,5%. Ha ha ha, c’est ça la terrible Charmette !

À la sortie de St-Laurent-du-Pont, ce sera la partie la plus facile de l’ascension.

Mais je dois quitter rapidement la D520b pour bifurquer à droite sur la Route Forestière de la Charmette… Plusieurs panneaux annoncent que :

  • c’est interdit aux aux véhicules de transport en commun de personnes – pourtant, j’ai déjà lu que des grumiers pouvaient l’emprunter (!) mais je pense qu’en cas d’accident, ça peut faire « moins de victimes » (!),
  • qu’il faut des chaînes en cas d’enneigement,
  • que la circulation est interdite à 4 km,
  • que la route mène aux Monastères de Bethléem, c’est le nom actuel de la Chartreuse de Curière. Voici plusieurs points pour clarifier tout cela : la Chartreuse de Curière (qui s’écrit aussi Currière avec 2 « r ») est administrée depuis 1973 par la Famille monastique de Bethléem, de l’Assomption de la Vierge et de saint Bruno. C’est un institut religieux de droit pontifical qui comprend une branche féminine et une branche masculine. Ce sont donc les moniales qui occupent le Monastère Notre-Dame du Buisson Ardent et les moines, le Monastère l’Assomption de Notre-Dame. Voilà le pourquoi de monastères au pluriel mais c’est le même lieu. Ça va, vous avez suivi ? Passons à la suite…
Une bifurcation située à droite annonce le début des vraies difficultés.
La Route Forestière de la Charmette va me mener dans un premier temps à la Chartreuse de Curière appelée aujourd’hui par un autre nom…

Et la suite va être terrible ! Sans transition, la route devient soudainement très étroite et se dresse littéralement à plus de 10%… pour être plus précis, durant 3 km, ce sera des 5 passages à 11, 11,5, 11, 13 et 10,5% que je vais enchaîner… je ne m’affole pas, je passe immédiatement en mode pépère et essaie de garder un coup de pédale régulier pour gérer tranquillement l’effort. Quelle pente de dingue quand même. La route est correctement asphaltée et opère quelques virages dans un bois épais qui permet de rester au frais mais qui n’offre pas grand chose à se mettre sous la vue.

Durant 3 km, la pente ne passera jamais sous les 10% !
Route très étroite, 2 véhicules ne se croiseraient pas du tout !
Une route pittoresque…

Je ne fais quasiment pas de pauses photos, c’est dur de repartir à chaque fois dans une pente si forte. Pour l’une d’elle, j’ai dû jouer les funambulistes en utilisant la faible largeur de la route tout en essayant de donner au moins 2 tours de pédales nécessaires pour mettre les cales dans les pédales.

Le summum de ce terrible passage est atteint lorsque j’arrive au premier des 4 tunnels que je vais franchir lors de cette ascension : c’est celui du Sourd. Pas besoin d’éclairage, il mesure 29 m et est creusé dans un énorme rocher qui barre la route.

Le Tunnel du Sourd.

Après avoir traversé le Tunnel du Sourd, bonne nouvelle : la déclivité fait relâche en passant à 8% sur les 900 mètres suivants jusqu’à la Chartreuse de Curière. Ça fait du bien et j’ai même l’impression de rouler sur du plat !

J’en termine avec cette première partie très difficile en arrivant à la Chartreuse de Curière. Quel bel et incroyable endroit ! Blottie au pied des Rochers de la Petite Vache et des Agneaux, la chartreuse est magnifique et offre d’emblée un havre de paix et de sérénité qui fait du bien au moral.

J’arrive à la Chartreuse de Curière.
La chartreuse est blottie au pied des Rochers de la Petite Vache et des Agneaux.
Les moniales sont de sortie pour leur promenade dominicale !

Je fais bien entendu une pause pour profiter pleinement des lieux. C’est à ce moment qu’une quinzaine de moniales sortent de leur monastère pour entreprendre leur promenade dominicale. Je les salue, elles me répondent joyeusement avec un large sourire. Je vois qu’elles empruntent la Route Forestière de la Charmette dans le même sens que celui que je vais suivre. Cool, je serais pendant quelques temps en bonne compagnie !

Je reprends ma progression. La route forestière est désormais dans un moins bon état. L’asphalte est toujours là mais est agrémenté de nombreux nids de poule, de cailloux et petites branches d’arbres. Ce n’est pas trop grave, même si je prends le risque de l’emprunter avec un vélo de route… mais je fais confiance dans mes pneus Michelin Pro4 Endurance larg. 25 qui m’ont souvent rendus services dans ces circonstances. Et puis en guidant bien la roue avant et en se faisant « léger » sur la roue arrière, ça passera très bien sur l’ensemble de la partie abandonnée.

Après environ 400 m à 6%, j’arrive à une barrière qui marque donc le début de la route « interdite ». Il y a un panneau qui indique que « Toute circulation de véhicules est interdite dans les deux sens à compter de l’implantation du panneau ». Il y a une mention supplémentaire « sauf ayant droit ». Je vais vous expliquer plus précisément ce que ce panneau implique dans la démarche à observer normalement…

Le panneau interdiction de circuler, le panneau B0, est une des formes d’interdiction prévue par l’arrêté du 24 novembre 1967 relatif à la signalisation des routes et des autoroutes. Cette interdiction étant peu utilisée, sa signification peut ainsi être incomprise par les usagers de la route. Nous allons, ici, lever le voile sur cette signalisation routière peu connue. Découvrez ici tout ce qu’il y a à savoir sur ce panneau.

  • Réglementaire depuis 1977, le panneau interdiction de circuler ne concerne généralement pas les piétons. Utilisé principalement pour des raisons de sécurité, le panneau B0 désigne une interdiction de circuler dans les deux sens.
  • Sans pictogrammes ou indications au centre, il interdit donc de circuler aux véhicules (y compris sans moteur) dans les deux sens. Placé juste avant la voie sujette à cette réglementation, son effet est immédiat. Peu présent sur les axes très fréquentés, il trouve souvent sa place à l’entrée des chemins privés, forestiers ou encore à l’entrée des parkings.
  • Sauf ayants droit : dans ce cas-là, il s’agit de l’ONF – Office National des Forêts en charge de la gestion de la Route Forestière de la Charmette.

Pour notre cas précis, c’est-à-dire l’emprunt de cette route « interdite » à vélo, il peut nous exposer à une infraction définie par l’article R411-17 du Code de la route qui entraîne donc le paiement d’une amende forfaitaire prévue pour les contraventions de la quatrième classe de 135 €, pouvant être majorée jusqu’à 375 € ou minorée à 90 €.

Début de la route « interdite ».

Qui peut nous verbaliser ? Dans ce cas précis, il y aura de grande chance que ce soit un agent assermenté de l’ONF mais ça peut être aussi la police ou la gendarmerie ! Sur la toile, j’ai pu lire de long en large que le risque existe. On peut effectivement tomber sur un agent « zélé » et

Mais pourquoi cette route est « interdite » ? Construite en 1875, elle est effective depuis le début des années 90 et est dû à de trop nombreuses chutes de pierres rendant son passage assez dangereux.
On peut imaginer que le budget limité de l’ONF n’a pas pu contribuer à entretenir cette route. Cette dernière n’étant que forestière, ne présentant aucun intérêt stratégique puisqu’il n’y a pas de villages à atteindre, ce n’est ni l’état, la région, le département ou une commune qui allait s’en occuper.
Là aussi sur la toile, j’ai pu lire de long en large que le risque est quand même assez minime et que personne ne s’est senti exposée à un réel danger ou bien a connu un accident. Il n’y a pas de partie effondrée qui oblige à un contournement difficile.
De plus, cette route est encore empruntée par les véhicules de l’ONF qui sont sûrement des 4×4 ou même parfois des grumiers (!). Ces derniers, au poids certain, sont donc allègrement supportés par la route (par contre, j’ai pu constater que la route était très étroite avec des zones de précipices avec des absences de parapets qui peuvent rendre la conduite assez dangereuse pour les véhicules motorisés, ça c’était le risque le plus réel !)
Et enfin, les moniales qui ont emprunté sans hésiter cette route (à de nombreuses fois et ce, depuis des années), confortent le fait qu’elle ne présente pas de réel danger.

Mais pourquoi cette route est « interdite » aux vélos et non aux piétons ?! C’est là le point le plus contradictoire de cette interdiction. Quelle différence y a-t-il entre la tête d’un cycliste et d’un piéton s’il se prend une pierre sur la tête ? Aucune… ha si, le cycliste peut être éventuellement moins atteint s’il porte un casque ! Et puis un cycliste peut se transformer rapidement en piéton en marchant à côté de son vélo ! Et si on se fait reprendre à l’ordre comme pour Baptiste, on peut faire demi-tour… à vélo !!! Ben voyons, où est le bon sens dans tout cela ?!

Pour conclure, je tiens à préciser que ce sont des réflexions personnelles, qu’elles n’engagent que moi et que si vous souhaitez emprunter cette route, j’utiliserai la formule classique : ce sera à vos risques et périls.

Pour ma part, en franchissant cette barrière, j’ai ma conscience pour moi : je serai un hors-la-loi. Je me tiens prêt à payer une amende éventuelle, minorée à 90 euros si je paie dans les 15 jours. Et voyant tout ce groupe de sympatiques moniales emprunter gaiement cette route, je ne ressens aucun danger réel ! Allez, c’est parti pour un instant extraordinaire et hors du temps…

Après la barrière, je poursuis ma route dans la forêt sur environ 400 m avec une pente qui est un peu plus forte à 8% mais cela n’empêche pas les moniales d’avancer bon train devant moi. Quelques instants plus tard, je rejoins leur arrière-garde et par la même occasion, l’entrée du second tunnel, celui des Agneaux.

La Route Forestière de la Charmette après la barrière.
L’entrée du Tunnel des Agneaux.

Taillé à même la roche, c’est le plus long avec ses 280 m. Je jette un coup d’œil à l’intérieur, c’est sombre mais il est bien droit et je peux apercevoir l’autre bout. J’ai appris par la suite que ce tunnel était bien moins haut, la chaussée ayant été abaissé en 2015 grâce à des travaux réalisés par l’ONF pour permettre le passage des grumiers ! Ça a coûté près de 29 000 euros ! Pour en savoir un peu plus, c’est sur cette page.

Je mets mes éclairages et m’engage dans le tunnel… à pied ! Impossible de rouler, la chaussée est complètement défoncée avec de la caillasse dans tous les sens. Il y a des nids de poule bien humides. Et il y fait incroyablement frais, la différence de température avec l’extérieur est assez saisissante. Je jette un coup d’œil au plafond des fois que des chauve-souris ne me tombent pas dessus ha ha ha. Par contre, étant un peu désorienté, je n’ai pas pu ressentir s’il y avait vraiment de la pente mais je suis sûr que je n’ai pas peiné lors de ma traversée à pied. À la sortie, j’accueille avec plaisir le soleil !

Dans le Tunnel des Agneaux, c’est sombre mais on voit le bout. À droite, on voit bien l’abaissement de la chaussée.
À la sortie du Tunnel des Agneaux, retour au soleil !

À la sortie du Tunnel des Agneaux, je refais une petite pause photo pour immortaliser les lieux car je n’aurais peut-être pas beaucoup d’occasion d’y revenir. Les moniales ont poursuivi leur promenade et sont quelques 200 mètres devant moi.

L’asphalte est à nouveau là, c’est plein de nids de poule mais c’est cyclable. Je repars… et me prends une belle claque visuelle. La route longe une paroi rocheuse sur la droite et sur la gauche… un ravin vertigineux plonge dans les Gorges du Guiers Mort !

Durant 1 km, la pente est à 8,5% mais en roulant assez lentement et prudemment, je ne ressens pas trop l’effort. De plus, je suis admiratif du spectacle grandiose de ces lieux qui semblent d’un autre temps…

La route à la sortie du Tunnel des Agneaux.
Une route vertigineuse ! Devant, les Rochers du Four et de Tenaison.
Au fond, la route des Gorges du Guiers Mort.

Peu après, je me présente à l’entrée du 3e tunnel, celui de la Galère… il a peut-être été dur à creuser dans la roche mais point de galère pour moi car il ne fait que 29 m de long et je le traverse rapidement. À pied quand même car il y a pas mal de pierres.

L’entrée du Tunnel de la Galère.
L’intérieur du Tunnel de la Galère.

Après le tunnel de la Galère… la vue se referme. Je peux me concentrer sur la route qui est tout de même bien cyclable avec un vélo de route. Il suffit de bien guider sa roue avant entre les nids de poules et quelques branches sur un asphalte encore bien présent. Par contre, je pense que dans l’autre sens, la descente doit être plutôt assez pénible…

La route après le Tunnel de la Galère.
La route après le Tunnel de la Galère.
La route après le Tunnel de la Galère.

Après un virage bien marqué, le paysage se découvre à nouveau pour offrir un superbe panorama sur les Gorges du Guiers Mort. C’est encore plus cool car la pente opère un net relâchement en passant à 2% sur les 1300 mètres suivants… que du bonheur !

Superbe panorama sur les Gorges du Guiers Mort. En face, les Rochers de la Corde. Derrière, le Grand Som.

Je franchis aussi à cette occasion le 4e et dernier tunnel, celui de Tenaison. Long de 47 m, c’est celui qui est dans le meilleur état car il a été ouvragé. La Route Forestière de la Charmette ayant été construite entre 1866 et 1876, j’ai une pensée émue sur le fait que je traverse un tunnel âgé de près de 150 ans !

Je salue un cycliste qui faisait une petite pause et qui a eu la même idée que moi. Il repart à l’instant où je fais mes photos.

Une plaque commémorative célébrant la construction entre 1866 et 1876 de la Route Forestière de la Charmette.
À la sortie du Tunnel de Tenaison.

Peu après le Tunnel de Tenaison se termine le passage le plus facile de cette ascension. Dans un nouveau virage assez marqué, je quitte les abords des Gorges du Guiers Mort pour entrer le Vallon du Tenaison qui servira de cadre au final du Col de la Charmette. À noter qu’à partir de là, la route est dans un état très convenable et qu’il n’y a absolument plus aucun danger.

Ça commence par un passage de 300 m à 6,5% puis un dur retour aux affaires avec 650 m à 8,5%. La route est droite et n’offrira aucun lacet jusqu’au sommet… on se trouve aussi au milieu de la forêt.

La route après le Tunnel de Tenaison.
Vue sur le Rocher de Malamille.
Dans le Vallon du Tenaison.

À l’issue de ce passage un peu corsé, j’atteins la barrière qui indique la fin de la « route interdite », je suis à nouveau dans la « légalité » ! Je poursuis sur un passage qui s’est apaisé au niveau de la pente : 4% sur 750 m. Je ne suis pas trop mal mais quelques instants plus tard, la suite allait être terrible…

Tout à coup, la déclivité est passée à 10%. Sur les 600 mètres suivants, je suis à la peine. Ma barre d’énergie s’est vidée d’un seul coup ! Je rattrape le cycliste que j’ai croisé au Tunnel de Tenaison… il a mis pied à terre. Je l’encourage pour la fin…

Chaque coup de pédale est dure… comme je l’ai déjà dit, la route est droite comme un « i », aucun virage ou lacet pour s’offrir une petite reprise. Sans repère, je ne sais pas trop si j’en ai bientôt terminé… La pente est infernale et va l’être encore plus en haussant la jauge à 13,5% sur les 550 mètres suivants !!!

J’essaie de tenir bon mais mes jambes n’ont plus rien à offrir… je craque, je mets pied à terre ! Le souffle court, je poursuis ma progression en guettant un relâchement de la pente. Le paysage s’ouvre à nouveau sur une prairie… finalement, il m’a manqué 100 mètres pour venir à bout ce terrible passage…

Je remonte sur le vélo et j’en termine avec les 300 derniers mètres à 8,5%. Décidément, la pente n’a rien lâché dans ce final mais ça y est, me voilà au Col de la Charmette à 1261 m d’altitude.

À la fin du passage à 13,5%, ouf !!!
Un dernier coup d’œil sur le Vallon du Tenaison.
Normalement, ce n’est pas la barrière officielle d’interdiction…
Magnifique ascension mais j’en aurai bien bavé dans le final !

Je fais une bonne pause pour reprendre mes esprits. Je n’ai pas pu faire une belle photo du col, le parking étant bondé de voitures. Avec ce beau temps dominical, les promeneurs sont venus randonner en nombre du côté de la Grande Sure ou de Charmant Som !

Col de la Charmette – 1261 m. Un très vieux panneau et l’altitude est juste !
Panorama du Col de la Charmette. Pas top la photo, il y a du monde !
Col de la Charmette. L’oratoire Saint-Bruno.
Col de la Charmette. Du côté du versant Sud.

Du Col de la Charmette au Col de Clémencière

Voilà, j’en ai fini avec la plus grosse difficulté de la journée. Comme j’étais à l’ombre dans le final du Col de la Charmette, je ne me suis pas rendu compte qu’il fait très chaud. Comme la veille, la température a dépassé les 30 degrés… Je n’aime pas trop cela mais comme j’en ai presque terminé avec ma sortie, je me dis dis que ça va aller… et ben ça ne va pas trop se passer comme prévu…

Je ne vais d’abord pas revenir directement à mon point de départ… je vais faire un petit détour pour chasser le Col de Clémencière. Pour cela, je m’engage dans la descente du versant opposé du Col de la Charmette.

À noter que le Vallon du Tenaison est devenu vallée. C’est assez rare pour le souligner mais le Ruisseau du Tenaison est « passé sous le col ». Par un jeu d’affluent et de sources souterraines, il alimente les 2 versants opposés du Col de la Charmette. Il se jette au Nord dans la Rivière du Guiers Mort et au Sud dans le Ruisseau de Vence.

Je peux constater que le final de ce versant est tout aussi difficile que celui que je viens de grimper. Pas de route « interdite », ni de tunnels mais ses 3 variantes – entre 13 et 20 km – offrent 1000 à 1200 m de D+ à 8% de moyenne ! Voir ma page sur alpes4ever.com…

Durant 6,3 km, la descente est très forte avec une pente comprise entre 8 et 10%. Pas reposant du tout car je dois freiner comme un malade et je suis obligé de faire un petit arrêt pour détendre les doigts. Par contre, à partir du hameau de Pomarey, j’ai droit à de très belles vues sur la Vallée de l’Isère, Grenoble et le Massif du Vercors.

Vers Pomarey, je m’offre une très belle vue du côté de Grenoble.

Au hameau du Gua, je bifurque à gauche sur la D105g. Ça fait du bien, la descente est bien plus douce. Au premier plan, il y a le relief particulier du Néron qui va animer ma chasse du Col de Clémencière. Je rejoins tranquillement Quaix-en-Chartreuse. Le coin est très joli et propose un étonnant et beau cadre naturel à deux pas de la tentaculaire ville de Grenoble.

Sur la D105g, entre Le Gua et Quaix-en-Chartreuse. Je vais faire le tour du Néron.
Vue sur le Massif du Vercors.
Quaix-en-Chartreuse.

Je fais une courte pause pour remplir les bidons aux toilettes publiques qui se trouvent juste à côté de l’église, c’est qu’il fait désormais très chaud. Je quitte Quaix-en-Chartreuse en suivant la D105a. Une bonne descente me guide vers le Pont de Quaix qui sera le point de départ de l’ascension du Col de Clémencière.

Rien de difficile sur le papier car c’est une courte montée de 3 km… mais un joli 6% de moyenne laisse deviner une pente assez soutenue dont un rude passage de 650 m à 10%.

Une montée courte mais assez soutenue.
Col de Clémencière en vue dans la descente vers le Pont de Quaix.
Depuis le Pont de Quaix, vue sur le Néron qui change d’aspect en présentant sa face Nord.

Depuis le Pont de Quaix, l’ascension est rendue un peu difficile avec un soleil qui me tape sur le casque. Heureusement, je suis distrait par les vues sympas sur tous les sommets environnants, notamment le Néron qui change d’aspect au fur au à mesure que l’on tourne autour et un peu plus loin, Chamechaude qui me rappelle de sacrés souvenirs lors de mon ascension du Col de Porte en 2017.

En direction du Col de Clémencière, vue sur Chamechaude, un sommet marquant du Massif de la Chartreuse.
En direction du Col de Clémencière, vue du côté de Quaix-en-Chartreuse.
En direction du Col de Clémencière, vue du côté de Quaix-en-Chartreuse.
En direction du Col de Clémencière, vue du côté de la Vallée du Tenaison et de Quaix-en-Chartreuse.

Bien que le final du Col de Clémencière ne soit pas trop difficile, j’ai hâte d’en terminer car je n’ai plus de jus. J’ai de quoi boire mais la chaleur m’assomme… allez, me voilà enfin à Clémencière, je n’ai plus qu’à me laisser le salvateur replat de 300 m jusqu’au col qui se trouve au centre du hameau…

Dans le final du Col de Clémencière.
À l’entrée du hameau de Clémencière.

Me voilà au Col de Clémencière à 622 m d’altitude. Il y a une fontaine, je me jette dessus pour m’asperger d’eau délicieusement fraîche. Je constate que les panneaux du col ajoute un « s » à Clémencière. Les cartes IGN, Michelin ou Google Maps donne aussi un « s ». Pourtant le hameau (qui appartient à la commune de Saint-Martin-le-Vinoux) s’écrit officiellement sans « s » comme l’indique les panneaux officiels aux entrées du bourg ! Le Club des Cents Cols l’écrit aussi sans « s ».

Ma pomme devant les panneaux du Col de Clémencière. Le nom du col prend bizarrement un « s » !
Une vue magnifique sur le Néron et sa face Est.

Du Col de Clémencière à Voreppe

Cette question existentielle sur le « s » en trop de Clémencière (ha ha ha) ne doit pas remettre en question la poursuite de ma randonnée ! Plutôt de la fin même… car il ne me reste plus qu’à descendre vers Grenoble et à rentrer tranquillement à Voreppe. Mais le final de cette sortie allait être assez laborieux…

Une sacrée descente de 5,3 km (8% de moyenne) me dépose à Saint-Martin-le-Vinoux, commune limitrophe de Grenoble. Je m’offre à cette occasion une très belle vue sur Grenoble avec le Massif du Vercors en toile de fond.

À Saint-Martin-le-Vinoux, je me dirige vers Grenoble et les bords de l’Isère où je dois prendre la piste cyclable qui va me ramener à Voreppe.

Grenoble en arrivant à Saint-Martin-le-Vinoux.
Grenoble, la Porte de France (17e siècle) sur les bords de l’Isère.

Me voilà la piste cyclable en direction de Voreppe. Je n’avais pas trop étudié la fin de cette sortie… même si c’est tout plat, avec ses 17 km, elle allait me sembler interminable. Je commençais à avoir sacrément faim et il me tardait de retourner à la voiture ayant réalisé l’essentiel de mes objectifs de la journée.

Mais je n’avais plus d’énergie pour aller vite. Je me suis traîné à 20 km/h, la chaleur étant accablante. L’eau fraîche que j’ai récupérée à la fontaine de Clémencière est déjà chaude. L’Isère n’apportait aucun air frais mais heureusement, la piste était souvent ombragée et me permettait de m’abriter des rayons ardents d’un soleil implacable.

Sur la piste cyclable.
Le long de l’Isère.
Dernière vue sur le Massif de la Chartreuse, il y a une bonne heure, j’étais tout là haut…
Bonne partie ombragée sur la piste cyclable avant Voreppe.

J’arrive enfin à Voreppe, rejoins ma voiture et me sens bien carbo. J’en termine avec cette sortie avec 66,5 km / 1437 m de D+ / 4h45 de selle et le mythique Col de la Charmette via la route « interdite » à ranger dans ma belle collection des ascensions. Je ne mangerais finalement pas tout de suite, le parking étant en plein soleil. Je file sur l’autoroute et je m’arrête sur une aire pour déguster mon pique-nique. Il est près de 16h, je ne déguste pas mon pique-nique, je le dévore !

Je repense à ce fantastique week-end de 3 jours… il a été assez productif : 292 km et 5430 m de D+ ! Je n’ai pas été trop mal. J’étais pas mal dans l’exploration avec les routes « interdites » du Pas du Mortier et du Col de la Charmette mais c’était prévu… et franchement ce doublé a de la gueule. La découverte du Massif du Vercors a été un enchantement. J’y retournerais à coup sûr.

Un seul bémol : la chaleur… que je supporte très mal ! C’est un peu embêtant, j’ai de bonnes jambes mais dès que la température grimpe au-dessus des 30 degrés, ça me pompe une énergie de dingue. Je bois pourtant correctement mais je subis… et j’allais le payer assez cher un mois plus tard lors de ma Route des Grandes Alpes !

7 réflexions sur « Alpes – Voreppe / Col de la Placette + Col de la Charmette + Col de Clémencière »

  1. Beau récit. Le col de la Charmette est l’un des premiers cols que j’ai gravis à mon arrivée à Grenoble, en 2017, mais depuis Saint-Égrève.

    En 2021, je l’ai monté depuis Saint-Laurent-du-Pont… à pied ! (pour aller au Charmant Som) Et je m’étais dit que je ne tenais pas forcément à faire ce versant à vélo… mais dans ton itinéraire c’est seulement en montée, donc ça va.

    1. Merci Roman, à vélo, ça se monte très bien en montée ! Et effectivement, ce serait un calvaire en descente et on en profiterait beaucoup moins !
      En 2017, pour un premier col depuis St-Égrève… argh !!! Dans tous les cas, autour de Grenoble, il n’y a pas beaucoup de montées faciles…
      Au fait, mes vacances estivales 2024 se dérouleront à Vizille fin août/début septembre… on pourra peut-être se faire une montée ensemble !

      1. Avec plaisir ! Depuis Vizille il y a trois possibilités :

        * Col Luitel + Chamrousse
        * Col de la Morte + Lac de Poursollet
        * Laffrey par Séchilienne

        Sachant que le Col de la Morte et Laffrey peuvent être associés en une boucle.

  2. Bon, j’ai encore passé une heure… à pied et même bien assis sur mon siège, mais il faut quand même s’accrocher et je souffre avec toi. La partie interdite et la rencontre avec les moniales, bien !
    Bravo pour ton courage !

    Papa.

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