La montée du col du Ballon d’Alsace (1171 m) est née de l’envie de mon beau-frère Seb – qui s’est mis au vélo depuis 3 ans – de réaliser sa première grosse ascension. Ni une, ni deux, à la fin de l’année 2009, je décidais de l’embarquer « fermement » dans ce projet (gros rouleur mais pas fana des côtes !) qui me tentait beaucoup aussi afin de découvrir une ascension autre que celles des cols alpins. RDV a donc été pris pour le WE du 5 et 6 juin 2010 avec l’ascension par les… 3 versants possibles : Saint-Maurice-sur-Moselle – Sewen – Malvaux.
1ère ascension : Saint-Maurice-sur-Moselle > Col du Ballon d’Alsace
Distance 32,8 km / D+ 687 m
Après 6 interminables mois d’attente et 1200 km – 13 000 m de D+ / 2200 km – 13 000 m de D+ pour Seb – le grand jour est arrivé.
Le temps est splendide, ciel bleu limpide et pas une once de vent. Nous nous lançons de Bussang (à environ 5 km de Saint-Maurice-sur-Moselle), sur une route tranquille qui nous permet de mouliner les jambes. J’en profite pour donner les derniers conseils à Seb : ne pas démarrer trop fort, trouver son rythme, boire régulièrement et ne pas s’affoler sur les pourcentages (7% pour un néophyte peut vite décontenancer).
Le départ de Saint-Maurice-sur-Moselle (552 m) est très agréable avec de jolis lacets assez courts et présentants d’entrée une pente à 7%. Cela permet de « durcir » tout de suite les jambes et de rechercher ce fameux rythme. Je conseille à Seb de passer sur son 3ème plateau… rester sur le 2ème plateau risquerait d’user toutes ses forces et de mal finir l’ascension !
Après 2,5 km au milieu des pâturages, nous pénétrons dans une partie boisée de sapins et d’épicéas nous permettant de nous abriter du soleil qui brille fort. Nous transpirons bien, le rythme est bien calé. Pour Seb, tout va bien. Je constate qu’il est bien concentré. Nous poursuivons notre ascension. Chaque km est annoncé par un panneau indiquant l’altitude et le pourcentage du kilomètre suivant.
Après 6 km, Seb décroche un peu, le petit coup de pédale en moins mais pas dans le rouge, je me sens bien, je poursuis mon rythme et le laisse affronter seul la fin de l’ascension afin qu’il fasse ce « petit combat » où la souffrance pointe son nez, où l’on va chercher une autre énergie qui se trouve au-delà du souffle court, des jambes dures, où l’esprit va chercher des pensées positives tournées vers soi, les proches qu’on aime qui vont permettre de « franchir » chaque kilomètre qui vous sépare de l’arrivée.
Au 7ème km, un panneau annonce une altitude de 1000 m, un coup d’oeil à gauche permet d’admirer ce magnifique paysage des Vosges et le Grand Drumont (1223 m).
Un virage à droite et la route débouche sur une nouveau paysage sous forme de pâturages que domine le centre de ski de la Jumenterie. On peut observer tout à loisir le long bout droit de 1,5 km à 8% qui mène vers la fin du col. Le panorama à droite est magnifique avec le Ballon de Servance en observateur attentif.
Je termine tranquillement ce dernier bout droit et franchi le panneau du col. Un de plus accroché à mon tableau de chasse !
8 minutes plus tard, j’aperçois Seb qui arrive difficilement mais il tient bon et tout fier, franchi son 1er col haute altitude ! Il est heureux, jubile, est fou de joie d’avoir réalisé cet exploit, lui qui il y a 3 ans, crachait et pestait dans la moindre petite côte ! Son bonheur me rappelle ma 1ère ascension réussie (l’Alpe d’Huez en 2003) et suis très heureux pour lui.
Après avoir repris son souffle, nous découvrons ce col très dégagé et malgré quelques travaux, est de toute beauté avec une vue quasi 360° ! Nous entreprenons une superbe descente afin de retourner au gîte pour prendre un bon repas et reprendre des forces pour la seconde ascension prévue au programme dès cet après-midi avec la montée par Sewen.
2ème ascension : Col du Ballon d’Alsace > Sewen > Col du Ballon d’Alsace
Distance 26,7 km / D+ 666 m
Après un bon repas et une toute petite sieste, nous prenons la direction du Col du Ballon d’Alsace en… voiture ! En effet, une fois n’est pas coutume, nous effectuons d’abord la descente vers Sewen. Une belle descente qui nous permet de découvrir le profil de notre future ascension. Pour ma part, je remarque qu’il y a une portion de 4 km avec un dénivelé « alpestre » entre 7 et 9%… la montée va être complètement différente de ce matin.
Départ donc de Sewen. Un faux-plat de 2 km permet de nous échauffer. Nous débordons rapidement le lac de Sewen puis attaquons une série de petits lacets assez courts avec déjà un pourcentage compris entre 6 et 7%. Les jambes sont dures, il fait chaud et le bitume renvoie de la chaleur… Seb semble en forme mais moi un peu moins !
Nous laissons le lac d’Alfeld sur notre droite qui a l’air sympa mais pas le temps de visiter, c’est qu’on est en plein boulot ! Il y a comme une rupture de pente et stupeur ! : Seb prend les devant, je lâche 2 m, 5 m , 10… bon OK, les jambes sont dures, Seb est euphorique, je le laisse filer pour l’avoir en point de mire à 50 m. Je ne cherche pas à me cramer pour le rattraper, passe en mode diesel et gère mon effort. Je profite de mon expérience et tiens à faire la montée sans poser le pied !
Le fameux passage à 7/9% tient ses promesses mais il est à l’ombre et la route et son paysage rappelle ceux d’un col alpin dans leur début. 7 km d’ascension, la pente est toujours aussi forte, il y a moins d’ombre, le soleil tape sur la tête. Seb avait un peu « disparu » de mon viseur… quelle frite ! Il était galvanisé par sa victoire de ce matin ! Mais…
… dans une ligne droite, j’aperçois mon Seb qui cale ! Problème de déshydratation… je le rejoints, poursuis ma route car je savais qu’il y avait un replat 500 mètres plus loin. Je stoppe tout de même à la fin du replat car il y a une légère descente derrière pour attendre Seb et finir la montée ensemble pour les 3 derniers kilomètres.
Seb me rejoint quelques minutes plus tard, le visage un peu tiré. Nous finissons tranquillement l’ascension avec une vue magnifique sur le final car le col est très dégagé sur ce versant.
Seb et très content une fois de plus malgré son petit échec et il a appris une chose que tout grimpeur doit respecter : boire le plus souvent possible et régulièrement. Pour ma part, bien que j’ai effectué l’ascension dans une forme moyenne, je ne sens pas fatigué et j’ai même très bien terminé. Allez, une nouvelle ascension de prestige dans la musette !
Nos épouses et enfants nous rejoignent et nous partons faire une belle ballade autour de ce site qui offre des points de vue admirables (avec une mention spéciale sur la vue de Sewen tout petit en bas à l’est et qui permet d’apprécier le dénivelé !).
3ème ascension : Col du Ballon d’Alsace > Malvaux > Col du Ballon d’Alsace
Distance 25 km / D+ 640 m
Après une bonne nuit, nous entamons tranquillement le matin la dernière étape de ce WE : l’ascension depuis Malvaux. Comme hier après-midi, nous nous rendons directement au col en voiture. Nous effectuons une belle descente. Je remarque que la route est plus longue que les 2 autres versants mais que les pourcentages sont plus abordables.
Départ donc de Malvaux. Après avoir vite dépasser la Roche du Cerf, nous longeons la Savoureuse dont on peut découvrir sa source au col du Ballon d’Alsace. Le pourcentage n’est pas trop fort, nous prenons sa température et montons bien en ryhtme. Les jambes sont un petit peu dures mais les muscles vont se détendre à l’abord du premier virage qui est marqué par le Saut de la Truite.
Nous enchaînons alors allègrement de multiples lacets qui sont très agréables car nous sommes une fois de plus à l’ombre et de multiples « Gouttes » (petits courts d’eau qui dévalent de la montagne) viennent entrecoupés la route sous des petits ponts. Nous nous apercevons à peine que nous avions franchi le 4ème kilomètre qui présentait la plus grosse difficulté de cette ascension (un petit peu plus de 7%).
Nous arrivons déjà à l’embranchement avec la route qui arrive de Sewen. Seb durcit le train. Je suis mais ça fait un petit peu mal. Il y un petit peu de vent de face. A l’entame de la dernière bosse juste avant la Ferme Auberge du Ballon, je lâche un peu et laisse mon Seb finir les 300 derniers mètres et remporter la victoire de l’étape ! Mais bon, aujourd’hui, les jeunes n’ont plus de respect pour les vieux !
Allez sans rancune quand il me confie qu’il a passé de très beaux moments et qu’il me remercie de l’avoir « parrainé » et de lui avoir prodigué de bons conseils. Seb, encore une fois bravo et bienvenue au Club des Grimpeurs !