Dimanche 7 juin 2020
Lever 8h pour Seb et moi… notre premier réflexe est d’ouvrir les volets et de jeter un coup d’œil au dehors… misère de misère, la météo est complètement pourrie !
Il va falloir revoir complètement notre plan du jour qui était initialement l’ascension du Mont Salève. Décidément ce week-end de juin n’a pas été top au niveau de la météo. D’abord un vendredi assez pluvieux, un samedi humide le matin mais heureusement un peu mieux l’après-midi et donc ce dimanche où la pluie s’est franchement invitée pour la journée.
Je regarde l’application Météo France sur mon smartphone pour voir s’il était prévu une amélioration en milieu de matinée mais que nenni ! La montée du Salève, que j’aurais aimée découvrir, tombe à l’eau !
Comme je savais que la météo n’allait pas être généreuse ce week-end, j’avais prévu un plan B avant de partir : ce sera le Plateau de Retord. Notre chemin du retour passant au cœur du Haut Bugey dans le Massif du Jura, ce sera l’occasion de rentabiliser notre week-end. Moins haut en altitude, il pourrait nous offrir de meilleur chance de faire une sortie correcte.
Je regarde tout de même l’appli Météo France… ce n’est pas très folichon mais il n’est pas annoncé de pluie ! Allez, c’est parti, nous rangeons toutes nos affaires, chargeons la voiture et quittons notre sympathique gîte de Saint-Sixt vers 10h15.
Sur l’autoroute en direction de Genève, je constate que le Mont Salève est complètement dans les nuages… pas de regrets ! La pluie cesse seulement en franchissant le Tunnel du Vuache au sortir du bassin genevois… les reliefs du Haut Bugey sont à découverts… ouf, ça va le faire !
L’A40 s’engouffre dans la Cluse de Nantua. Pour l’avoir emprunté à de nombreuses reprises, ce passage est toujours spectaculaire car l’autoroute franchit plusieurs tunnels et surplombe vertigineusement la cluse en empruntant notamment l’impressionnant Viaduc de Sylans.
C’est d’ailleurs à l’issu de celui-ci que nous sortons pour nous garer sur un parking en contrebas. Nous apercevrons brièvement le Lac et les Glacières de Sylans. Ces dernières étaient l’un des plus importants chantiers de glace français du XIXe siècle. Pas de visite, nous nous concentrons rapidement sur notre sortie.
Préparation méticuleuse pour ne rien oublier. Nous emportons des sandwichs pour le pique-nique de midi. Et surtout nous nous habillons en mode hivernal car s’il ne pleut pas, le ciel est bien gris et l’air est assez frais et humide. Un peu paradoxal pour un début juin !
Il est 11h20. C’est parti pour une balade dans un lieu inédit. Ce n’est pas les Alpes mais le Massif du Jura offrira aussi son joli de difficulté !
Pour s’échauffer, nous suivons la D1084 sur une douce descente durant 2,5 km pour rejoindre les Neyrolles qui sera la point de départ de la première ascension de la sortie : le Col de Cuvery via le Col de Bérentin. Arrivé aux Neyrolles, nous avons de belles vues sur l’A40 qui passe sur le Viaduc de Nantua juste sous le Mont Cornet.
À noter qu’à l’origine, on devait commencer par le Col de Colliard… mais une erreur d’aiguillage aux Neyrolles nous a fait réaliser la sortie dans le sens inverse que celle que nous avions prévue. Je l’ai bien compris comment plus tard, explication à la fin de ce récit…
Col de Bérentin (1144 m) + Col de Cuvery (1178 m)
À partir des Neyrolles, nous empruntons la D55d pour entamer une longue ascension de 16,6 km qui va mener Seb et moi au Plateau de Retord.
D’entrée, c’est une belle rampe qui nous accueille : 4,1 km à 7% de moyenne. C’est droit comme un i mais la pente est régulière. Au bout de 2 km, je commence à me rendre compte que nous nous sommes trompé de sens car j’avais noté que le Col de Colliard proposait beaucoup plus de lacets ! C’est vrai que je n’avais pas trop eu le temps de bien préparer ce plan B, tant pis, ça ne changera pas grand chose à notre sortie.
Dans cette montée, nous n’avons malheureusement aucune vue sur la Cluse de Nantua, la route étant bordée d’arbres. Après 2,9 km depuis les Neyrolles, nous traversons aussi à cette occasion un long tunnel (334 m), celui du Penney. Il est très bien éclairé.
À la sortie du tunnel, il faut poursuivre notre effort durant 1,2 km puis la pente s’aplanit franchement en passant à 3%. Ça fait du bien, les jambes sont bien las des 2 journées précédentes. Nous voilà au pied du Plateau de Retord. Durant 2,9 km, nous profitons d’une bonne accalmie en passant par le Replat (le bien nommé). Nous sortons aussi de la forêt et le paysage se découvre un peu mais c’est assez tristounet avec un plafond nuageux bien grisâtre qui va nous accompagné tout au long de la journée. Je ferais d’ailleurs très peu de photos !
C’est à le Poizat que nous devons remettre du cœur à l’ouvrage en bifurquant sur la D55. Nous avons à faire 4,2 km jusqu’au Col de Bérentin. Nous évoluons désormais au sein du Plateau de Retord, un espace naturel préservé de 21 km carré avec une alternance de prairies et de forêt. En fait, il n’y a absolument rien à voir ! Si, nous avons trouvé quelque chose : la paix ! Nous sommes presque seuls au monde et nous croiserons très peu de monde dans l’heure qui suivra.
Sur une pente qui oscille très régulièrement autour des 6%, la route tournicotent gentiment. Nous passons les 1000 m d’altitude et c’est qu’il ne fait pas bien chaud mais pas trop frais… j’embête un peu mon beau-frère à m’arrêter 2/3 fois pour enfiler ou enlever le coupe-vent !
Notre rythme est assez moyen, la fatigue est quand même là avec les 2 précédentes grosses sorties et l’absence de beau temps jouent sur le moral. Nous arrivons bon gré mal gré au Col de Bérentin à 1144 m d’altitude.
Situé dans un grand virage au milieu de la forêt, il n’y a là aussi rien à se mettre sous l’œil. Après une courte pause, nous reprenons notre ascension vers le Col de Cuvery. Mais ce dernier étant situé à 1175 m d’altitude et distant de 5,4 km, nous n’aurons pratiquement pas d’efforts à faire si ce n’est qu’il a fallu alterner quelques montées et descentes.
À cette occasion, nous quittons la D55 pour la D101. Peu après, il y a une étonnante vue qui anime notre sortie : la route surplombe une très grande prairie. Elle est éclairée à cet instant par un rayon de soleil (le seul de la journée). Tout au fond, nous distinguons une chapelle, c’est celle de Retord… on y pique-niquera un peu plus tard.
À partir de cette prairie, nous atteignons très facilement le Col de Cuvery à 1175 m d’altitude. Pas de panneau, il a disparu. Seb n’aime pas quand il n’y en a pas, il dit que ça compte pas ha ha ha. Encore une fois, pas grand chose à voir. On fait un tout petit aller-retour à Cuvery qui est une l’un des principaux domaines nordiques du Plateau de Retord. En de début juin, c’est fermé bien sûr.
À l’origine, j’avais imaginé une boucle supplémentaire qui descendait le Col de Cuvery pour remonter sur le Plateau de Retord via le Col de Richemond… mais je sens que notre barre d’énergie n’est pas au plus haut, ça caille et on va raccourcir la balade. Pas trop de regrets, on y reviendra peut-être un jour… demi-tour.
De retour vers la fameuse prairie, nous dénichons la petite route qui va nous mener à la Chapelle de Retord qui sera paradoxalement le point culminant de notre parcours à 1198 m d’altitude. C’est là que l’on va pique-niquer. Tout en faisant le tour des lieux, nous dévorons notre casse-croûte, c’est qu’on avait bien faim !
La chapelle est assez jolie. Il y a un tout petit cimetière à côté ainsi que la Ferme de la Vézeronce. C’était aussi un haut lieu des Maquis de l’Ain et du Haut-Jura avec à sa tête le Colonel Romans-Petit lors de la Seconde guerre mondiale.
Il nous faut repartir sans trop tarder pour se réchauffer, la température a encore baissé… c’est sûr, on ne verra pas le soleil cet après-midi !
On revient sur nos pas pour reprendre la D55. Puis on file plein Sud en suivant la Combe de la Manche. Typique du Jura, c’est une vaste prairie bordée de forêts. Ce sera pratiquement le même décor sur les 24 kilomètres suivants. C’est même sacrément paumé, notre parcours ne traversera aucun village !
On avance vite, c’est plat suivi d’une descente. On enchaîne un peu sur la D39 puis on arrive à un croisement qui va marquer le bout de notre boucle.
Col de la Cheminée (925 m) – Golet Géla (937 m) – Golet Commet (980 m) – Col de Belle Roche (1056 m) – Col de Colliard (979 m)
Nous allons désormais remonter vers le Nord et entamer une bonne chasse aux cols. Cinq pour être un peu plus précis : Col de la Cheminée (925 m) – Golet Géla (937 m) – Golet Commet (980 m) – Col de Belle Roche (1056 m) – Col de Colliard (979 m).
La chasse sera facile car nous aurons très peu de dénivelé à réaliser. On prend d’abord un bout de la D39a puis de la D31 pour essuyer la pancarte du Col de la Cheminée (925). Quel drôle de nom ?! Il n’y a aucune vue et il n’a rien de notable aux alentours qui aurait un lien avec une cheminée.
Demi-tour, on prend de suite la D31f. Peu après, le Golet Géla (937 m) est passé anonymement. Il n’y a pas de panneau (ça ne plaît pas à Seb ha ha ha !). Il est situé à un croisement entre la D31f et la D39. Il y a une petite statue de la Vierge.
On poursuit sur la D31f. Le Golet Comment (980 m) est aussi passé anonymement (pas de panneau). Bon, c’est officiellement reconnu par le Club des Cent Cols mais franchement des fois, il y a des cols qui ne méritent pas d’être retenus au catalogue tellement ils n’ont pas de caractérisation géographique propre aux cols… là, c’est juste une route sans relief pour les 2 golets !
On en fini avec la D31f pour bifurquer sur la D55c. On la suit brièvement pour enchaîner avec la D39. Une toute petite bosse qui nous fera fournir un petit effort pour nous faire repasser les 1000 m d’altitude et atteindre le Col de Belleroche (1056 m).
Nous allons désormais entamer une bonne descente jusqu’aux Neyrolles. Nous franchissons à cette occasion le Col de Colliard (979 m). Tiens, c’est ce fameux col par lequel on devait commencer en premier ! Et il nous a réservé une drôle de surprise en basculant dans les premiers mètres de la descente : la route est barrée et présente un panneau de circulation interdite !
Bref instant de panique… pas prévu au programme ça ! Quel détour il va falloir faire pour rentrer ? Bon, je ne tergiverse pas longtemps : on passe outre l’interdiction et on verra bien… si on est vraiment bloqué, on fera demi-tour pour prendre un autre chemin. Et puis, je suis très curieux de voir pourquoi cette départementale D39 encore officiellement présente sur les cartes est fermée ? Seb et moi allons le découvrir très rapidement…
On franchit la barrière. La route est encore bien asphaltée mais rapidement on constate qu’il y a pas mal de cailloux et de débris végétaux, signe que la chaussée n’est plus entretenue… ça passe en roulant prudemment. Environ 500 m après, on tombe sur le pourquoi de la fermeture de cette route : de gros blocs de roches gisent sur le bord. On peut penser que les éboulements sont assez fréquents depuis quelques temps et quand on voit la taille des rochers, c’est que la montagne doit être bien instable !
La D39 a dû être entretenue pendant un certain temps mais les autorités locales ont sûrement arrêté les frais et jugé que cette route n’avait rien de stratégique car on ne rejoint aucun village via le Col de Colliard. On peut d’ailleurs y faire un « petit » détour par le Tunnel du Peney que l’on a emprunté ce matin. J’ai appris par ma suite que la fermeture date était assez récente : depuis le printemps 2020 !
Bonne nouvelle tout de même, la route n’est pas bloquée (j’avais pensé à un éventuel effondrement). On fait une photo sans trop traîner même si l’on n’a pas pu voir l’état des barres rocheuses qui étaient cachées bien plus haut dans la forêt.
Mais on n’a pas trop senti le risque d’autant qu’un lacet plus bas, on retrouve une route impeccable permettant de finir la descente plus sereinement. De plus, nous tombons peu après sur une nouvelle barrière annonçant la fin d’interdiction de circulation. En fait, la D39 est encore accessible sur près de 3 km depuis les Neyrolles et interdite sur les 3,5 km suivants jusqu’au Col de Colliard.
Pour ceux qui veulent tenter l’ascension du Col de Colliard (à leur risques et périls, sachant que la partie « sensible » fait environ 200 m), c’est 6,5 km à 7%, un joli défi sportif !
Retour aux Neyrolles. La boucle est bouclée. Il ne nous reste plus qu’à rejoindre la voiture au parking avec une ultime et dernière montée sans grande difficulté de 2,5 km.
La sortie est terminée. Notre plan B n’a pas trop mal fonctionné : 56,3 km et 1066 m de D+. On a fait aussi une belle moisson de cols sans trop d’efforts. Seul petit bémol : même si on n’a pas eu de pluie, on a eu assez froid. Le ciel maussade nous a empêché de vraiment profiter de ce coin inédit. Il faudra y revenir un jour avec une belle météo pour redécouvrir tout ça…
Notre week-end sportif s’achève par la même occasion et le bilan est assez sympa surtout pour mon beau-frère qui y faisait son premier « enchaînement » alpin : 220 km / 5460 m de D+ et 13 cols dans la musette.