Brevet des Randonneurs Mondiaux 200K Varois et Chaignot

Mon premier 200 !

Samedi 21 mars 2015 / Distance 208 km / D+ 2480 m / 9h05 / Pauses 1h40 + 1 crevaison

Une seule photo… il a plu pendant 6 heures ce jour-là !

Temp. 5-9°C – pluie, couvert, un rayon de soleil (!) puis couvert.

UNE SORTIE PROGRAMMÉE POUR 2015

Voici une sortie que j’avais cochée en début d’année pour mon programme 2015. Je rappelle que l’Ardéchoise y figure (220 km et 4270 m de D+) et qu’il me fallait faire au moins un 200 km pour ressentir les efforts que je devais fournir. C’était aussi la première fois que j’allais atteindre la barrière « mythique » des 200 km, mon record étant de 170 km à l’occasion d’une sortie en 2012 avec l’ancien parcours de la Côte-d’Orienne (celui qui se termine à Corcelles-les-Monts) et depuis mes débuts en vélo, mes sorties de plus de 150 km se comptent sur les doigts d’une seule main !

INSCRIPTION

Il a fait un temps printanier toute la semaine mais il est annoncé un temps couvert pour ce samedi. Je me couche tôt, je dors plus ou moins bien, lever 5h45, à 6h45 je suis à Varois-et-Chaignot. Je m’inscris auprès de l’organisateur, je n’ai pas droit au fameux petit carton jaune du BRM because je ne vais pas faire le Paris-Brest ! Je reste zen, je ne vais pas gâcher mon humeur, t’inquiètes pas, c’est mon premier 200, je suis novice, je n’ai jamais fait de BRM mais je vais te le faire mon gars ! Bon, cela ne m’empêche pas de verser mon obole : 4 euros pour les non-licenciés.

DÉPART
VAROIS-ET-CHAIGNOT PK 0 > SOMBERNON PK 47,5

Les participants sont déjà presque tous partis en ordres dispersés. Il en reste 4, à 7h05, je décolle avec eux. Ben dis donc, ça part à fond les manettes, les mecs sont à 30 km/h ! Les gars sont habillés comme s’ils allaient faire un 100, pas de sacs à dos, pas de sacoches, m’est avis qu’ils vont boucler le 200 en 6h30 ! Zou, je les lâche d’un coup, je ne vais pas me griller dès le début !

Petite info : des gouttes commencent à tomber… je vais me taper la flotte pendant 6 heures !

A Ruffey-lès-Echirey, je rattrape un petit groupe de 5 coureurs et un vélo couché. On grimpe tranquillement la côte de Bellefond. Je suis un peu plus rapide sur le faux-plat montant jusqu’à Asnières-lès-Dijon.

Petite descente rapide vers Messigny-et-Vantoux, le vélo couché me double comme une bombe !

A la sortie de Messigny-et-Vantoux, le groupe de 5 coureurs me rejoint (non sans avoir un peu coupé dans le village en évitant la bosse du centre-ville !), je décide de rester avec eux. Ce sont des anciens, ils connaissent les BRM, il y a même un lauréat de Paris-Brest. On remonte tranquillement le Val-Suzon dans les 23 km/h avec une première pause technique, je prends des relais avec 3 des gars, les 2 autres restent « sagement à l’arrière ». Je n’en fais pas trop de cas, je sens que je suis en forme et je suis un « jeunot » à côté d’eux. On double le vélo couché, il est quand même à la peine dans les montées, on ne le reverra jamais, je me demande s’il a pu terminer le BRM…

Le groupe explose un peu dans le final du Val-Suzon. J’attends un gars, 69 ans et encore de la force dans les mollets ! Il m’explique qu’ils gèrent tranquillement le BRM, je pense rester avec eux mais les évènements vont le décider autrement. J’attends le groupe au croisement avec la D16. Environ 35 km de parcouru. Il y a un autre cyclo qui attend le groupe. Une autre pause, j’ai envie d’enchaîner mais j’observe, c’est que je ne fais pas des 200 tous les jours !

On repart, cette fois-ci il flotte sérieusement. C’est la galère mais tant pis, j’y suis, j’y reste ! Les gars roulent tranquillos, je suis devant avec le gars qui nous attendaient. Serge qu’il s’appelle. Je file avec lui, le rythme me convient mieux pour l’instant. Mais le gars ne pipe mots, reprend systématiquement mes relais comme s’il voulait être tout le temps devant ! La route est très irrégulière jusqu’à Sombernon, il y a pas mal de faux-plats montants où il faut relancer. Sombernon est vite traversé.

SOMBERNON PK 47,5 > ÉPINAC PK 97

Après Sombernon, on s’engage dans la longue descente vers Commarin. Ça caille, la pluie commence à transpercer les couches et les pieds sont déjà réduits à 2 blocs de glace. A Commarin, Serge, un Chantaliste, a du observer que j’avais réussi à rester dans ses clous, il desserre la mâchoire et devient un vrai moulin à paroles. Nous ferons au moins route commune jusqu’à Épinac. A Vandenesse-en-Auxois, un bon coup de cul, je remarque que Serge, la soixantaine, utilise un braquet de ouf, en danseuse, ce sera systématiquement le cas dans chaque montée ! Une habitude d’ancien je suppose, je préfère ma « moulinette », j’ai encore le cœur pour ça.

Montée de Ste-Sabine, je ne la connaissais pas encore celle-là, très jolie avec son arrivée au barrage du Réservoir de Chazilly. Il faudra que j’y retourne aux beaux jours pour l’apprécier complètement.

De Chazilly à Vellerot, c’est environ 17 km sur des faux-plats très roulants. La pluie ne permet pas de profiter de cette très belle campagne et de la vue sur le Morvan que j’avais pu apprécier lors d’une reconnaissance il y a 15 jours.

A Vellerot, l’organisateur du BRM – qui faisait aussi le BRM – nous rattrape accompagné d’un jeune qui roulait en short ! Ce dernier craque un peu dans la montée de Vellerot, il restera avec nous jusqu’à Épinac.

ÉPINAC PK 97 > BLIGNY-SUR-OUCHE PK 135

A Épinac, en Saône-et-Loire, mi-parcours – 97 km, c’est la pause, nous entrons dans un café, prenons des consommations et négocions le droit de manger nos sandwichs au chaud et surtout au sec ! Le café est infâme, hors de prix mais j’en prends 2, ça réchauffe. L’organisateur se joint à nous, il court dans tous les sens, se lève, va acheter un sandwich, revient s’asseoir. Je lui demande combien il y a de participants, 40 il me répond. Il organise aussi les autres BRM 300, 400 et 600 qui seront qualificatifs pour le Paris-Brest 2015 (et pour les masos, il y a le retour – 1200 km et 11000 m de D+ !!!). Il me raconte qu’il a fait des super randonnées genre Paris-Lisbonne en 10 étapes, avec des chiffres à donner le tournis, bref je l’aurais écouté un peu plus, mais d’abord il ne m’a pas donné le carton jaune qui aurait permis d’officialiser mon BRM, et ensuite, mes pensées sont tournées vers la suite du parcours d’aujourd’hui.

Après 20 minutes de pause, Serge, Félix, le p’tit jeune, et moi reprenons nos montures. Il pleut toujours. Mes pieds sont toujours congelés mais ça va, les muscles ne se sont pas trop refroidis mais il fallait bien ça pour s’enquiller presqu’à froid la terrible côte de Nolay avec ses 8% de moyenne.

A Nolay, nous bifurquons à gauche plein nord. Avec la pluie, nous avons un nouvel invité : le vent et pas un petit avec ses 14 km/h. Bon pour l’instant, il ne nous gène pas trop puisque c’est une nouvelle montée, longue, vers Santosse. Je cale un peu, mes deux compères prennent les devant, je les rattrape. On descend sur Molinot. Mais entre Molinot et Ecutigny, où je suis passé il y a fort longtemps, je ne me rappelais plus qu’il y avait 3 autres montées, pas très longues mais usantes. Serge prend définitivement le large et ne se retourne pas, le loup solitaire reprend sa nature. J’apprendrais plus tard que le gars roule souvent en solo, bon, pas de regrets, on a bien roulé même si j’allais un peu le payer, j’aurais du bien écouter les vieux ce matin ha ha ! Tiens, je les dépasse, ils n’ont pas du faire une longue pause pour le casse-croûte. Rebonjour donc, avec Félix, on reste avec eux jusqu’à Bligny-sur-Ouche mais on est obligé de les abandonner, cette fois-ci ils font la pause casse-croûte !

BLIGNY-SUR-OUCHE PK 135 > PONT DE PANY PK 162

A Bligny-sur-Ouche, c’est la longue remontée de la vallée de l’Ouche. Avec Félix, on piaille un peu, il vient de Besançon, est étudiant ingénieur à Épinal, fait du vélo pour le plaisir et voudrait faire le Paris-Brest. Peu après Pont-d’Ouche, je ralentis un peu pour me ravitailler, et là CREVAISON ! Félix ne se retourne pas et file sans m’attendre, dur !

Je peste, il s’est quand même arrêté de pleuvoir mais je suis trempé et j’ai un peu froid. 15 longues minutes pour réparer la roue arrière ! Je soigne parce que je n’ai pris qu’une chambre à air de secours. Pendant ce temps, les 2 derniers groupes me dépassent et quand je reprends ma route et ben je suis bien tout seul et le… DERNIER ! Il reste encore 75 km à parcourir !

Alors que je me préparais mentalement à ma future « vie de célibataire », coup de chance, le dernier groupe s’était arrêté faire une pause technique ! Ouf, je reprends donc avec eux et je suis soulagé de pouvoir remonter la Vallée de l’Ouche en leur compagnie. Très agréable, les relais s’enchaînent, je fais mon taf et je goutte à l’aspiration de notre petit peloton qui permet de s’économiser sur plusieurs kilomètres. D’ailleurs, mon petit groupe est composé de 4 gars, qui se connaissent bien, des solides entre 50 et 60 ans dont trois ont déjà des Paris-Brest au compteur !

DANS LE DUR ! PONT DE PANY PK 162 > PANGES PK 172

Les kilomètres défilent et nous arrivons à Pont-de-Pany, pied de l’épouvantail de ce BRM : la montée de Baume-la-Roche. Je la connais par cœur : longue de 11 km, un pourcentage moyen de 3% qui masque une partie finale à 6% de moyenne et surtout un passage à 10% qui allaient être dur à avaler après plus de 160 km dans les jambes !

Je pioche dès la première rampe, les gars sont à une centaine de mètres devant moi, je préfère monter à ma main sinon je vais exploser. Je les perds de vue à Mâlain. Pour la première fois de la journée, je vois mon ombre sur le sol, un petit soleil vient de pointer le bout de son nez ! Je me ravitaille en pâtes de fruit puis je me lance tranquillement dans l’ascension finale vers Baume-la-Roche. Ouargh, je suis à 7 km/h dans le long virage à 10% jusqu’à l’entrée du village où, heureusement, les affaires se calment. Je retrouve mes 4 gars qui faisaient une nouvelle pause. Je ne m’arrête pas, ils me dépasseront rapidement, je suis passé en mode « plus de jus ». Ils disparaissent à nouveau. Je grimpe péniblement les beaux lacets au-dessus de Baume et me lamente un peu… cette fois-ci je vais finir les 30 derniers kilomètres tout seul.

J’en termine avec cette terrible montée mais le courage et l’énergie reviennent : le plus dur a été fait, je vais gérer tranquillement, pas d’abandon en vue, j’ai la certitude que j’irais au bout !

LE FINAL – PANGES PK 172 > VAROIS-ET-CHAIGNOT PK 208

Entre Panges et Etaules, ce sont des petites montagnes russes, je fixe mon compteur qui affiche des chiffres que je n’ai jamais atteints en vélo : 175, 180, 185…

Etaules. Second coup de chance ! Je retrouve mes 4 gars, l’un d’eux à crever ! On repart ensemble, mon moral est regonflé à bloc, en plus ils sont contents de me retrouver, ils avaient vu que je m’étais accroché et aussi apprécié mon boulot dans la Vallée de l’Ouche.

Je ne les lâcherais plus. Descente à fond – 70 km/h – vers Messigny-et-Vantoux. Petit arrêt à une boulangerie pour faire tamponner les cartons jaunes (sauf moi grrrr). J’arrive à rester dans les clous dans le coup de cul d’Asnières-les-Dijon, le dernier, petite fierté, les gars m’attendent alors que j’avais lâché une petite vingtaine de mètres.

Bellefond, je souris, mon compteur affiche pour la première fois un 2 suivi de 2 zéros ! Nous croisons mon ancien compagnon Serge qui devait rentrer chez lui après en avoir fini avec son BRM.

Faux-plat descendant jusqu’à Varois-et-Chaignot, le vent nous pousse, les manivelles tournent à 35 km/h ! Incroyable, je me sens bien, la satisfaction du devoir accompli… mais j’ai l’impression que je pourrais rouler encore, en rajouter une couche ! Non, allez c’est bon pour aujourd’hui, je crois que la journée a été bien remplie !

Arrivée à Varois-et-Chaignot. 208 km (le road-book indiquait 204 km), le tout en 9 heures de selle (+ 1h45 de pauses et 1 crevaison) et 2480 m de dénivelé positif. Le tracé Openrunner l’estimait à 1966 m. On peut dire que le parcours n’était pas plat ! Mais c’était ce que je recherchais : l’Ardéchoise proposera un menu copieux avec ses 4270 m !

DEBRIEFING

A l’entrée de la salle, mes compagnons et moi nous nous congratulons, très satisfaits de ce BRM. Pour ma part, je suis très heureux. Nous sommes les derniers arrivés. Je me jette sur les quelques parts de cake qui nous sont offerts et me goinfre de gâteaux apéritifs, au moins j’aurais amorti en partie mes 4 euros puisqu’il n’y avait aucun ravito prévu sur cette journée.

Je discute un peu avec les gars, les conversations tournent autour du prochain objectif : le 300 qui aura lieu dans un mois, le Paris-Brest etc… mais ne rebondissent pas quand je lance que je vais faire l’Ardéchoise. Je dois être un petit joueur par rapport au Paris-Brest ! Bon, le 300, ce sera pour une autre fois les gars, c’est un défi que je pourrais relever bien entendu ! Je salue tout le monde, bonne continuation !

En partant, je croise Félix, son visage est tout blanc, il semble complètement cuit ! Il me lance qu’il est rincé et qu’il se pose la question de savoir s’il poursuit sa quête du Paris-Brest. Il va vite réfléchir, sachant que la suite des BRMs près d’Épinal sont tous vosgiens et les Vosges je connais, il n’y a pas un mètre de plat !

Personnellement, je suis bien entendu fatigué mais pas rincé, je me sens même très bien. A part quelques courbatures le lendemain, j’aurais très rapidement récupéré. De bon augure pour l’Ardéchoise. Mon entraînement se déroule bien pour l’instant, d’ici fin juin, je vais sûrement refaire 2 ou 3 grosses sorties et en plus j’en ai envie, c’est nouveau ça !

JE DÉDIE CE 200 KM A TOUS MA BLOGOSPHERE FAN DES LONGUES DISTANCES
(ILS SE RECONNAÏTRONT) !

EPILOGUE – IL EST BEAU MON CARTON JAUNE !

Cette histoire de carton jaune a fait un peu, beaucoup, passionnément le tour de la toile. Jusqu’à atteindre les oreilles de l’organisateur ! Il m’a contacté, nous nous sommes expliqués puis il m’a proposé de m’envoyer le fameux carton jaune qui valide définitivement mon premier BRM.

carton jaune BRM
Voilà, il trône sur mon étagère de mes beaux souvenirs vélo !

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