Au cours de la deuxième quinzaine d’août 2019, j’ai passé mes vacances à Embrun dans le département des Hautes-Alpes. J’y ai déjà séjourné en 2005 et j’avais eu l’occasion de grimper mes premiers grands cols comme ceux de Vars et d’Izoard. Au bord du Lac de Serre-Ponçon, j’avais gardé le souvenir d’une belle météo et d’ascensions mémorables.
J’avais préparé une quinzaine de parcours me permettant de chasser de nombreux cols mais une petite lassitude physique, une météo un peu aléatoire en deuxième semaine, la volonté de passer du temps en famille et une situation logistique un peu contraignante m’ont obligé à faire des choix et à limiter mon temps vélo à seulement 8 sorties. J’ai réalisé au total en vélo de route et VTT, 408 km, 10 500 m de D+ et franchi 6 cols différents. J’ai quelques petits regrets mais j’ai tout de même pu accomplir mes grands objectifs et ils ont été magnifiques : Col du Parpaillon, Col Agnel et Col d’Izoard. Les autres ascensions étaient mineures mais très plaisantes et en accord avec mon désir de découvrir des coins inédits. Je vais vous faire partager toutes mes ascensions dans les pages suivantes :
- Sortie 1 : La Montagne – le Villaret – 976 m
- Sortie 2 : Station des Orres – 1650 / 1800 m
- Sortie 3 : Col de la Coche – 1791 m
- Sortie 4 : La Montagne – les Gendres – 1581 m
- Sortie 5 : Col du Parpaillon – 2637 m
- Sortie 6 : Les Gourniers – 1505 m
- Sortie 7 : Col Agnel – 2744 m
- Sortie 8 : Col d’Izoard – 2360 m
Col de la Coche
Mercredi 14 août 2019
Départ à 8h45. C’est parti pour une courte sortie pour réaliser une ascension à 2 pas du campement : le Col de la Coche. Son altitude – 1791 m – laisse tout de suite deviner que la montée ne sera pas de tout repos ! Je vous laisse découvrir le profil ci-dessous.
Ce sera une ascension en aller-retour car le col ne présente pas de versant opposé. Pas de problème pour moi, je n’ai aucun a priori car cela signifie généralement que je ne vais pas beaucoup croiser de circulation et que je vais sûrement découvrir quelques belles surprises exclusives. Je ne serais pas déçu.
Le ciel est gris mais les nuages sont au-dessus des sommets, ce qui ne gâchera pas mes photos. La température est encore un poil fraîche, je pars avec un coupe-vent et les manchettes (je suis assez frileux). Je m’élance rapidement sur la Route de la Madeleine (D340) qui est très roulante dans ce sens et rejoindre le pont sur la Durance situé au pied d’Embrun. C’est à partir du pont que l’ascension débute.
J’ai réalisé un bon reportage photo, n’hésitez pas à les regarder en mode diaporama en haute définition !
Depuis le Pont sur la Durance, je vais d’abord suivre la D994d en direction de St-André-d’Embrun. Je suis sur l’itinéraire partagé appelé « Les balcons de la Durance ». Il sera d’ailleurs emprunté en partie par les participants de l’Embrunman le lendemain. Ça monte doucement dans un premier temps avec 440 m à 3,5% puis la pente commence à se faire déjà bien sentir avec 515 m à 6,5%, voilà de quoi s’échauffer jusqu’au pont qui enjambe le Torrent de Crévoux.
Juste après ce second pont, la voie part sur la gauche et semble proposer un petit raidard… l’illusion est fausse, il s’agit d’une simple rampe de 375 m à 6% qui vous guidera vers une route en balcon. Cette dernière est très plaisante car vous pourrez remettre quelques dents sur un faux plat montant de 575 m à 4% et profitez en même temps de belles vues sur la Vallée de la Durance.
Un petit coup de cul – 195 m à 6,5% – suivi d’un nouveau faux plat montant – 540 m à 4% – me mène jusqu’au croisement avec la D39. Je quitte les Balcons de la Durance et grimpe désormais en direction de Crévoux. Un panneau indique que j’attaque la Montée du Parpaillon (15,7 km à 5,9%). Attention, il ne correspond pas à l’ascension totale jusqu’au Tunnel du Col du Parpaillon mais à la partie asphaltée jusqu’à la Cabane des Espagnols mais ça c’est prévu pour un autre jour…
Une belle rampe à 7% me lance dans un chouette lacet mais les belles vues qui commencent à se découvrir sur le Lac de Serre-Ponçon, Embrun et le Mont Guillaume me distraient et me font rater la petite route que je devais emprunter. Je reviens sur les 500 m et les quelques mètres de dénivelé supplémentaires pour prendre la bonne direction avec la D139 (voir photo plus bas).

Je suis très brièvement la D139 tout en surveillant les panneaux qui indiquent « Forêt de Saluces » car comme le Col de la Coche est une destination quasi confidentielle (bien qu’il soit situé au cœur de la Forêt de Saluces), il ne sera signalé que bien plus haut.
Après un nouveau pont, je prends une toute petite route qui va me hisser via un bon coup de cul de 300 m à 9% au hameau des Lagiers. La pente se calme rapidement en passant à 7% sur 400 m puis 5,5% sur 300 m. Ça passe bien car l’asphalte a été refait à neuf sur cette portion. Comme je m’y attendais, personne, je vais faire quasiment tout le reste de l’ascension en croisant seulement deux voitures.
La route se fait soudainement plus étroite et pénètre dans un sous-bois. Je ressens tout de suite un sentiment de plénitude : le cycliste, calme et solitude, le rythme qui se cale tranquillement sur une pente régulière à 7% durant 2,4 km, voilà ce que j’aime dans ces sorties en montagne.
1 lacet m’amène à un second (alt. 1235 m) où se trouve la première indication officielle sur le Col de la Coche avec un panneau en bois où est il est inscrit qu’il y a encore 8,5 km pour l’atteindre. Comptez plutôt sur 8 km selon mes calculs.
La suite est un peu plus facile : 1,5 km à 6,5%. L’asphalte est d’une qualité correcte et ça passe largement avec un vélo de route, il faudra juste être prudent dans la descente au retour. Le paysage se découvre à nouveau et je peux à nouveau profiter de belles vues sur la Vallée de la Durance et les sommets des premiers contreforts du Massif des Écrins.
La route va se encore rétrécir pour aborder un passage vertigineux où un pan de montagne semble vouloir se jeter dans le fond de la vallée. La voie semble avoir été miraculeusement épargnée ! Ce passage qui ne comporte aucun garde-fou mesure environ 350 m possède une petite particularité supplémentaire : il se termine par un étonnant coup de cul d’environ 50 m à 12% !
En faisant quelque recherche sur la toile, je vous invite à découvrir une vidéo étonnante. Il faut savoir que cette route confidentielle a le mérite d’être asphaltée car elle dessert, en plus du Col de la Coche, une route forestière destinée en partie à des exploitations forestières. Et bien sachez que des grumiers empruntent ce passage et sa suite où la largeur correspond tout juste à celle d’un camion ! Chapeau aux conducteurs qui ont de sacrés « cojones »… surtout en plein hiver !!! La traversée du fameux passage est à environ 50 secondes. Et encore, elle ne montre pas le retour avec son chargement…
Celle-ci montre le retour avec un chargement… ça fait flipper !
Après ce passage spectaculaire, la route suit une longue courbe à droite et va s’enfoncer désormais dans un vallon creusé par le Torrent de Palps. Ce dernier coulant 150 m plus bas, je vous laisse imaginer qu’un bon ravin bordait la voie sur ma gauche.
J’aborde la partie la plus difficile de l’ascension : 2,1 km sur une pente qui va passer progressivement de 8 à 10%, le tout sur une route désespérément rectiligne. Pas de vues à se mettre sous la dent pour passer cette difficulté, le vallon étant très encaissé et la route étant bordée d’une bonne végétation de conifères.
La déclivité se calme et je peux reprendre du rythme sur 1,5 km à 6% jusqu’à un grand lacet. Ce dernier annonce le final. Le soleil fait son apparition et réchauffe un peu le vallon qui était assez frais. Une ascension qui doit être idéale par temps de grandes chaleurs.
Il me reste 3 km légèrement sinueux sur une pente qui varie entre 6 et 7%. Mon vélo Scott Speedster 40 datant du début de l’année va connaître sa première égratignure… très bêtement. Une petite trouée dans les arbres a laissé apparaître une vue sympa sur le Pic du Clocher. Je m’arrête pour prendre une photo mais n’ayant pas un bon cadrage, il me fallait reculer un peu. Sauf que j’ai gardé un pied dans la cale comme j’en ai l’habitude afin de repartir plus rapidement. J’ai compris mon erreur trop tard… déséquilibre et vlan, je me couche brutalement d’un bloc sur le côté droit ! Vous savez en mode « je ne lâche pas le guidon », tout le monde a connu ce type de chute un peu stupide un jour ou l’autre. Je peste, je fais un check du bras et de l’épaule guettant la douleur… c’est bon, je n’ai rien à part une petite écorchure au coude qui aurait plus être plus importante si je n’avais pas eu mes manchettes. Ma tête a bien tapé le sol mais avec le casque, tout est OK. Je me relève, check du vélo : la selle, le bout du guidon et le dérailleur ont quelques égratignures. Ouf, plus de peur que de mal. Je repars en me maudissant encore quelques minutes.
Un peu plus tard, j’atteins dans un petit virage le Col de la Coche à 1791 m d’altitude. Malgré ma petite chute, je suis tout de même très satisfait de cette ascension. Comme j’ai le temps, je profite d’une bonne petite pause pour profiter du coin.
L’asphalte s’arrête net au col. Une piste forestière, si l’on est équipé d’un VTT, permet de continuer l’aventure jusqu’au Col de Valbelle – 2377 m. Restant 506 m de D+ sur près de 10 km, elle ne paraît pas trop difficile sur le papier mais en regardant de plus près le profil, les 4 derniers kilomètres sont à près de 7,5% de moyenne. On peut ensuite rejoindre les Stations de Risoul ou de Vars, pour ceux que ça intéresse…
Hélas, bien que le col soit assez large, il n’y a aucune vue à se mettre sous les yeux. Tout juste on aperçoit vaguement la Vallée de la Durance. Bon, ce n’est pas grave, je retiens que j’ai grimpé un presque « 1800 » et près de 1000 m de D+, ce qui en fait une ascension notable.
Sachez qu’il existe d’autres cols de la Coche dans les Alpes. J’en ai recensé 2 autres sur mon site alpes4ever.com :

Demi-tour, je file prudemment dans la descente où je fais très attention aux gravillons, nids-de-poule, virages un peu traîtres ainsi qu’au fameux passage au bord du ravin. Je lâche les chevaux une fois sur la belle route entre les Lagiers et le campement.
Voilà une belle sortie avec 38 km et 1075 m de D+. Demain, je remets le couvert pour prendre ma revanche avec la montée de La Montagne que je n’avais pas pu terminer lors de ma première sortie.
Salut Joris 🙂
Impressionnant cette route !! Et j’adore la photo du pic du Clocher juste avant le sommet, sublime !
Bon pas de chance pour cette chute, heureusement que tu n’as rien car c’est quand on est à l’arrêt qu’on tombe le plus lourdement et qu’on peut facilement se casser quelque chose.
Salut Idris 🙂
Oui, c’était une bonne découverte ce col. C’est vrai que quand on tombe à l’arrêt, on est comme une masse, il faut avoir le réflexe de se contracter et en fait garder les mains sur le guidon, comme ça on ne va pas se tordre le poignet ou le bras en tentant d’amortir le choc avec ! Sinon, je préfère tomber à l’arrêt au lieu d’être à 60 km/h dans la descente du Col du Glandon 😉 !
Salut Joris,superbe reportage de cette sortie comme d hab! En ce moment de confinement cela fait du bien de lire ce genre de recit en revant a nos prochaines sorties a velo quand ce satane virus sera eradique…!!! Denis.
Merci Denis, c’est un autre moyen de s’évader mais c’est vrai qu’on pense tous les jours à la prochaine sortie à l’air libre !