Alpes – Oisans / Col du Solude

Col du Solude via Villard-Reymond

Mardi 13 août / Distance 43 km / D+ 1101 m

Mon séjour en Oisans touche à sa fin… Après avoir « écumé » la région durant 15 jours et atteint tous mes objectifs, j’ai choisi de réaliser une sortie pas trop longue qui allait me permettre de ne pas me lever trop tôt et surtout de me faire plaisir puisqu’elle allait me mener à nouveau au Col du Solude non pas par le versant Villard-Notre-Dame que j’ai grimpé lors de ma troisième sortie mais par le versant Villard-Reymond que je connais donc en l’ayant descendu. J’avais une autre idée en tête, j’en parlerais un peu plus bas.

Une fois de plus, le temps est au beau fixe. Je démarre vers 9h et file vers le pied du Col d’Ornon en empruntant ma route secrète – par Bassey – qui me permet d’éviter une grosse partie de la D1091 et d’attterir à la Paute.

Pour atteindre le pied du Col du Solude par le versant Villard-Reymond, il faut grimper les premiers kilomètres du Col d’Ornon. C’était le premier col de mon séjour. Je profite de la connaissance du terrain et du fait que j’allais réaliser une seule montée pour mettre plus d’énergie dans mon ascension. Je sens que j’ai de bonnes jambes et que tous les efforts effectués ces derniers jours m’avaient bonifié. C’est bon de ressentir cet effet, c’est grisant. Du coup, j’atteins rapidement la Palud. Au milieu du hameau, je prends à gauche une petite route qui descend (environ 450 m) jusqu’au Pont du Torrent de la Lignarre qui est le véritable pied du Col du Solude.

Fini l’échauffement, c’est parti pour une jolie grimpette : 9,5 km à 8% de moyenne. Moins dur que l’autre versant mais ce versant ne donne pas sa part au chien ! La montée est un vrai régal : la route est assez large, un vrai billard et surtout, il n’y a quasiment personne, voitures et… cyclos compris, ils sont tous sur les pentes de l’Alpe d’Huez !

Le Pont du Torrent de la Lignarre qui est le véritable pied du Col du Solude.Le Pont du Torrent de la Lignarre qui est le véritable pied du Col du Solude.

Malgré les pourcentages descendant rarement sous les 7%, il y a de nombreux lacets qui permettent de relancer. J’apprécie aussi beaucoup l’alternance de parties en forêt ou à découvert le long de parois rocheuses. Au détour d’un virage, de vastes et verts alpages tapissent les pentes de la Combe Coudaye, on entend le doux clapotis des ruisseaux, le cycliste prend corps avec ce magnifique lieu naturel et déguste ce merveilleux instant…

Dans la montée vers Villard-Reymond.Dans la montée vers Villard-Reymond.

Un lacet.Un lacet.

Un autre lacet. Là-haut, le Massif du Taillefer et le Pas de l'Envious - 2074 m.Un autre lacet. Là-haut, le Massif du Taillefer et le Pas de l’Envious – 2074 m.

La Palud au fond la Vallée de la Lignarre.La Palud au fond la Vallée de la Lignarre.

Pente boisée de la Tête de Louis XVI.Pente boisée de la Tête de Louis XVI.

Massif du Taillefer et accès vers le Col d'Ornon.Massif du Taillefer et accès vers le Col d’Ornon.

Fontaine. Juste derrière, la Tête de Louis XVI.Fontaine. Juste derrière, la Tête de Louis XVI.

On distingue le profil de la Tête de Louis XVI !On distingue le profil de la Tête de Louis XVI !

Vers Villard-Reymond.Vers Villard-Reymond.

La Combe Coudaye.La Combe Coudaye.

De gauche à droite, les Pâles (2435 m), la Tête des Filons (2396 m) et la Tête de Louis XVI (1982 m). Entre ces 2 derniers, le Col de Corbière.De gauche à droite, les Pâles (2435 m), la Tête des Filons (2396 m) et la Tête de Louis XVI (1982 m). Entre ces 2 derniers, le Col de Corbière.

Un peu plus haut, j’aperçois Villard-Reymond, c’est bientôt la fin de l’ascension. Je prends la petite route qui passe sous le village et qui permet d’atteindre le Col du Solude. Rebonjour toi ! Quel plaisir, c’est vraiment le plus joli col de l’Oisans ! Je me pose sur un banc et profite à nouveau du magnifique panorama sur le Massif des Grandes Rousses.

Villard-Reymond en vue.Villard-Reymond en vue.

Le Col du Solude - 1680 m.Le Col du Solude – 1680 m.

Il n’est pas bien tard, je décide de mettre mon plan à exécution : le retour par l’ancienne route du versant que je venais de grimper. Je l’avais repérée en consultant ma carte IGN. La route part initialement du Pont des Oulles qui se trouve dans la montée du Col d’Ornon et débouche sur la nouvelle route sous Villard-Reymond. Je me disais qu’elle devait sûrement servir maintenant de route forestière et qu’elle devait être praticable. J’allais me planter sur toute la ligne et tomber dans une jolie galère !

J’avais seulement mémorisé la carte et avait noté que la route se trouvait un peu plus bas juste au croisement (à côté d’un parking) avec la route qui monte directement à Villard-Reymond. Ca allait être mon premier plantage. D’abord je constate que la route est plutôt un chemin, je trouve ça bizarre mais je m’engage quand même (oui oui avec le vélo de course !) et passe carrément en mode cyclo-cross. Je dois aussi contourner une énorme flaque d’eau et de boue. Je persiste, je roule sur une piste à moitié boueuse… heu c’est vraiment pas la bonne route… je rencontre des promeneurs qui me le confirmeront en m’indiquant que la piste devient même un sentier, ce que je constaterais en poursuivant 100 m plus loin. Y’a plus qu’à faire demi-tour. Je suis un peu dépité, sans carte, je me suis bien planté et perdu une grosse demi-heure dans l’affaire.

Je rejoins la route et entreprends la descente… mais pas trop vite… je surveille s’il y a un accès à ma fameuse route. Après un bon kilomètre et demi… bingo ! Dans un petit virage, voilà mon accès, je ne le voyais pas si bas par rapport au col. Je suis sûr cette fois-ci car la route est bitumée et même correctement. Je m’y engage, bien content de ma découverte. Durant les 800 premiers mètres, tout va bien mais j’allais vivre une drôle petite aventure !

Soudainement, la route est jonchée de branches d’arbres et de cailloux. Je ralentis mon allure et m’applique à slalomer pour les éviter. La route amorce un brusque virage à droite et se retrouve coupée par… un torrent ! Certes petit mais il y a au moins 20 cm de flotte sur 4 mètres et les quelques cailloux qui jonchent le fond ne permettent pas de passer au sec à pied ou à vélo. Je gamberge un peu… je prends le vélo par le cadre et hop je traverse ! Woooah cool, j’ai les pompes gaugées jusqu’au cheville ! Bon je me dis que ça séchera dans la descente !

Sur l'ancienne route - le Grand Riou passe par-dessus la route !Sur l’ancienne route – le Grand Riou passe par-dessus la route !

Sur l'ancienne route - il y a encore du goudron...Sur l’ancienne route – il y a encore du goudron…

Je reprends ma route mais… (il y en aura beaucoup) au bout de 50 mètres elle disparaît sous une incroyable couche de mousse et petite fougère ! Coincée entre une paroi rocheuse et un ravin, la route est toujours là, je sens bien le bitume sous les roues mais j’ai un peu peur de me prendre un gros nid de poule dans cette drôle de végétation. Je continue prudemment mais soudainement mon cheminement est stoppé net par des arbres tombés en travers de la route ! Bon là, plus d’un aurait pris ses clics et ses claques et fait sagement demi-tour… mais pas moi ! J’avais déjà « payé » en traversant le petit torrent… c’est clair, cette route a été totalement abandonnée et n’est plus entretenue depuis un bon moment… mais le parfum d’aventure et le fait de me sentir comme dans la peau d’un explorateur qui découvre un vestige des temps oubliés m’ont encouragé à continuer. Tout en portant le vélo, je réussis à passer péniblement par-dessus l’enchevêtrement des troncs et des branches. Je ressens quand même un grand moment de solitude car vu l’état du coin, c’est sûr que je n’allais pas croiser grand monde ! De plus, l’endroit n’est pas rassurant du tout… avec tous ces arbres tombés en travers de la route, c’est comme si la montagne était « vivante » et cherchait à se réapproprier furieusement le coin…

Sur l'ancienne route - le goudron est recouvert d'une incroyable végétation !Sur l’ancienne route – le goudron est recouvert d’une incroyable végétation !

Pfff, galère quand même, j’espère que ce n’était qu’un « one shoot » ! Je remonte sur le vélo, la route est toujours recouverte de mousse. Un petit plus loin, un petit virage et bing ! Une nouvelle chute d’arbres et juste derrière l’entrée… d’un tunnel ! Lorsque j’avais étudié la carte, j’avais noté la présence de 2 tunnels, je viens de tomber sur le premier des deux. Bon, rebelote (ah bon, vous pensez qu’il fallait que je fasse demi-tour ?!), je franchis laborieusement le tas d’arbres puis me retrouve à l’entrée du tunnel… GLUP, on dirait plus l’entrée d’une grotte ! La route a disparu ou plutôt s’est désintégrée en un tas de cailloux et de boue, il y a même un petit ruisseau qui coule au milieu et il fait… sombre !!! Je sors ma petite lampe que j’avais emmenée en prévision… mon cœur bat la chamade… et si tout s’écroulait ? Je n’en mène pas large et me dépêche de le traverser. Le tunnel est en forme de coude et heureusement il y a une minuscule ouverture au milieu qui permet de voir un peu où je mets les pieds, bon ça fait quand même « floc, floc, floc » !

Sur l'ancienne route - à l'entrée du premier tunnel... plutôt d'une grotte !Sur l’ancienne route – à l’entrée du premier tunnel… plutôt d’une grotte !

Je me retrouve à la sortie du tunnel… et 100 mètres plus loin, j’aperçois… BON SANG ! … un nouveau tas d’arbres coupant la route !!! Et là, c’était fini, le tas devait faire bien 2 mètres de haut et 20 mètres de large, impossible de le contourner, une paroi rocheuse à gauche, un ravin sans fond à droite. Je ne vous décris pas ma détresse ! Rhaaaaaaa, DEMI-TOUR : le tunnel lugubre + le tas d’arbre + l’autre tas d’arbre et le torrent ! Mon vélo est plein de boue, de la crasse plein les freins (je suis sûr que certains d’entre vous crieraient « sacrilège » ! mais mon Lapierre est un guerrier indestructible, je l’ai emmené dans des coins improbables et il m’a toujours été fidèle). De dépit, je le couche carrément dans l’eau et le nettoie et moi avec tant qu’à faire ! Je rigole… ai perdu ma raison là-haut dans la montagne… oui oui de soulagement, je m’étais quand même fourré dans une jolie galère !

Sur l'ancienne route - à la sortie du tunnel.Sur l’ancienne route – à la sortie du tunnel.

Sur l'ancienne route - c'est encore bitumé...Sur l’ancienne route – c’est encore bitumé…

Sur l'ancienne route - fin de l'aventure !Sur l’ancienne route – fin de l’aventure !

Retour sur la route officielle. On aperçoit le second tunnel de l'ancienne route sur l'autre versant de la vallée.Retour sur la route officielle. On aperçoit le second tunnel de l’ancienne route sur l’autre versant de la vallée.

Je retourne sur la route de Villard-Reymond et me lance tranquillement dans la descente. Je prends mon temps, savoure les derniers instants de mon séjour sur le vélo. Je repense à toutes ces fabuleuses sorties… qui m’ont permis de découvrir cette magnifique région de l’Oisans. Le bilan est riche : en 11 sorties, j’ai gravi 15 681 m de dénivelé positif en 606 km, 93 km ont été réalisés sur des pentes à 8% et plus, franchi 15 cols dont 4 de plus de 2000 mètre. Je n’oublie pas aussi la sortie très sympathique au Col de la Croix de Fer en compagnie d’Idris. Je pense à ma petite famille et remercie ma femme et mes enfants qui ont été bien patients avec mes retards pour le repas et surtout de me laisser profiter de ma passion pour le vélo en montagne.

Une réflexion sur « Alpes – Oisans / Col du Solude »

  1. Comme quoi le travail à force de faire pression sur la DDE à été fait, j’ai grimpé la Solude en 2017 avec deux copains sud af croisé en cours de sortie à Ornon deux jours avant et mon copain Alexandre Join coureur de DN3 à Charvieu alors, les tunnels sont stressants car non éclairé, mais la route était belle au final, le sommet était une piste, mais au final presque plus roulante que La Molière.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.